Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉBATTRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 120).
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DEBATTRE, v. a. Il se conjugue comme battre. Contester, plaider. Contendere, concertare, agitare. Débattre un compte, un testament, une succession. Cette question a été long-temps débattue dans l’Eglise.

Se debattre. Se tourmenter, s’agiter. Vehementer jactari, agitari. Ce prisonnier s’est bien débattu entre les mains des Sergens. Un saumon pris dans les filets les rompt souvent en se débattant. Il n’a fait que se débattre, & roidir les jambes. Ab. Ces Orateurs qui s’emportent & se débattent mal-à-propos devant les gens qui ne sont point émus, se rendent ridicules & insupportables. Boil.

Débattre, se dit figurément en choses spirituelles. Disputare acriter, agitare rem aliquam. Les Philosophes se débattent souvent sur plusieurs questions vaines, & impossibles à décider. Sur ce vers de Corneille dans Nicomède :

Amusez-le du moins à débattre avec vous.

☞ Voltaire observe que débattre est un verbe réfléchi qui n’emporte point son action avec lui. Il en est ainsi de plaindre, souvenir. On dit se plaindre, se souvenir, se débattre. Mais quand débattre est actif, il faut un sujet, un objet, un régime. Nous avons débattu ce point : cette opinion fut débattue.

On dit proverbialement, se débattre de la chape à l’Evêque, pour dire contester sur des choses qui ne nous regardent point, d’où il ne nous vient aucun profit. Voyez Chape. On dit aussi il se débat comme un Procureur qui se meurt.

DEBATTU, UE. part. On dit un compte bien débattu, une cause bien débattue, pour dire un compte bien examiné, une cause bien discutée. L’affaire fut longtemps débattue. Fl.