Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CYR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 79-80).

CYR. s. m. Et nom propre d’homme. Cyriacus.

Cyr. Se dit aussi pour Cyrique, Cyricus, autre nom d’homme. Sainte Julitte, issue du sang des anciens Rois d’Asie, si l’on en croit ceux qui se vantoient d’être de la race au tems de l’Empereur Justinien, avoit un fils nommé Cyric, appelé parmi nous S. Cyr.

Ce mot vient de κύρικος, dominicus, de κύριος, dominus, qui vient de κῦρος, auctoritas. Baillet le tire de κῆρυξ, præco ; d’où il prétend que l’on a fait Quiricus, Cirgues, Ciergues, Circ, &c.

Saint CYR. Lieu célèbre situé dans le parc de Versailles. Louis le Grand y a fait construire une belle maison pour y élever de pauvres Demoiselles sous la conduite de Religieuses. Ces Religieuses s’appellent les Dames de Saint Cyr, & les filles nobles qu’on y élève les Demoiselles de Saint Cyr. Les Lettres patentes pour l’érection de cette maison sont du mois de Juillet 1686, & en forme d’Edit. Le Roi y ordonne que les Dames de S. Cyr seront au nombre de trente-six, & que ce nombre ne pourra être augmenté ; que les Demoiselles seront au nombre de deux cens cinquante, que quand il viendra à vaquer une place des Dames, elle ne pourra être remplie que par une des Demoiselles qui sera choisie par la Communauté à la pluralité des suffrages, & âgée au moins de 18 ans accomplis pour être reçue au Noviciat, & le tems du Noviciat passé, à la Profession. Que ces Dames feront les vœux simples ordinaires de pauvreté, chasteté & obéissance ; & un vœu particulier de consacrer leur vie à l’éducation & à l’instruction des Demoiselles. L’Evêque de Chartres nomme un Supérieur Ecclésiastique, qui doit être agréable au Roi. Sa Majesté se réserve & aux Rois ses successeurs la nomination & entière disposition par simple brevet des deux cens cinquante places des demoiselles, qui ne sauroient être admises qu’elles n’aient fait preuve de noblesse de quatre degrés du côté paternel, à compter le pere.

Elles ne peuvent être reçues avant sept ans, ni au dessus de douze, & ne peuvent demeurer dans la maison après vingt ans accomplis. Il y a 24 sœurs converses, qui font les mêmes vœux que les Dames. Les unes & les autres, aussi bien que les Demoiselles, sont entretenues des revenus de la Maison à laquelle le Roi attribue la Maison de S. Cyr, & tous les meubles dont il l’avoit pourvue, la Terre & Seigneurie de S. Cyr, cinquante mille livres de rente en fonds de terre, & la mense abbatiale de l’Abbaye de S. Denys. En 1694 le Roi permit à la Communauté d’augmenter les Dames & les Converses jusqu’au nombre de quatre vingts, & que si quelquefois il ne se trouvoit point parmi les Demoiselles de fille qui eût les qualités nécessaires pour remplir une place de Dames vacante, la Communauté pourroit en choisir ailleurs. Innocent XII. donna le 23 Janvier 1692 une bulle d’approbation & de confirmation de l’institut & Communauté de S. Louis de S. Cyr, & pour l’union de la mense abbatiale de l’Abbaye de S. Denys. Par Lettres patentes de Mars & Juillet 1698, le Roi a assigné un fonds pour doter les Demoiselles qui sortiront de cette maison, & qui auront contenté la Communauté.

Jusqu’en 1692 les Dames & les Converses ne firent que des vœux simples. Elles supplierent le Roi de vouloir bien consentir à ce qu’elles poursuivissent en Cour de Rome un bref, pour changer leur état séculier en réulier, sous la Règle de S. Augustin ; le Roi y consentit. Innocent XII. leur accorda leur demande par un bref du 30 Septembre 1692. Et quoique le Pape eût consenti qu’elles conservassent leur habit séculier, elles le changèrent en habit régulier l’an 1707 le jour de l’Assomption. Voyez le P. Hélyot, T. IV. C. 56. Cette Maison s’appelle la Royale Maison de S. Louis de S. Cyr, & plus communément S. Cyr. La maison de S. Cyr. Dans tous les actes publics les Religieuse sont nommées Dames, mais entre elles elles se nomment ma sœur, avec leur nom de famille, & la Supérieure ma mere, & les sœurs converses, sœurs avec leur nom de baptême.