Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CUVE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 71).
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CUVE. s. f. Grand vaisseau de bois, rond, composé de doëles, ou douvelles exactement appliquées l’une à l’autre, & entourées de cerceaux qui lient ces doëles, garni d’un fond seulement. On se sert des cuves pour mettre la vendange & fouler le raisin que l’on y laisse, plus ou moins, selon que l’on veut laisser prendre plus ou moins de couleur au vin. Lacus vinarius, cupa. On dit que la cuve de Clairvaux tient quatre cent muids. Abbreuver une cuve, c’est y mettre de l’eau pour la laver, la nettoyer, l’imbiber, & faire renfler le bois afin que les fentes que la sécheresse y a faites depuis qu’elle n’a servi, se bouchent, & que le vin ne s’écoule point.

Ce mot vient de cupa. Nicod. Mais Ménage, après Saumaise, observe que ce mot de cuve vient de cupa avec un simple p, mais quand il y a deux p, il signifie un vaisseau à boire, telle qu’est une coupe. D’autres le font venir du mot habel Allemand, signifiant la même chose. Dès le XIIe siècle ce mot étoit dans la langue, comme il paroît par les Actes de S. Outrille Archevêque de Bourges, écrits en ce siècle, C. 1. n. 8. Acta SS. Maii T. V. p. 250. * D. Mais ce mot cupa signifioit alors un tonneau, dans lequel on entonne, & l’on conserve le vin ; & non point le grand vase où l’on met la vendange avant que de la pressurer.

☞ On donne le même nom aux grands vaisseaux dans lesquels les Brasseurs font fermenter les grains avant que de les cuire dans les chaudières.

Cuve, se dit aussi des autres vaisseaux amples pour recevoir des liqueurs. Labrum. Une cuve pour se baigner, qu’on appelle autrement une baignoire, ou cuve de bain. On baptisoit autrefois dans une cuve.

Cuve chez les Teinturiers, est un grand vaisseau dont ils se servent pour teindre les étoiles.

Cuve, se dit aussi de la teinture même qui y est contenue. Une cuve de cochenille, une cuve de fleurée.

On appelle des fossés à fond de cuve, des fossés escarpés, & qui ont peu de talus, dont les deux côtés sont presqu’à plomb. Fossæ cujus latus paulùm declive est.

On dit proverbialement, Déjeuner à fond de cuve, pour dire, Déjeuner amplement.