Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CRUCHE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 43-44).
◄  CRUAUTÉ
CRUCHÉE  ►

☞ CRUCHE, s. f. Vaisseau ordinairement de terre ou de grès large par le ventre, étroit par le cou, servant à puiser de l’eau, à mettre ou transporter des liqueurs. Il a une anse. Hydria. Remplir une cruche d’eau. Vider, casser sa cruche. Les Danaïdes sont représentées avec des cruches, & occupées à remplir leur tonneau.

Ce mot vient de l’Allemand krug, signifiant la même chose.

Cruches fécondes, qui viennent du Levant. Le Sr. Paul Lucas en a apporté en France. Les meilleures se fabriquent dans une ville de la Haute-Egypte, nommée Kana, près des mines de Dindera. Ces cruches rafraîchissent les liqueurs en très-peu de tems, & l’on y seme sur l’extérieur de la salade, qui y croît, & est bonne à manger en 4. ou 8. jours de tems. On dit que l’eau qui a été quelque tems dans ces cruches, a la vertu de guérir les dyssenteries & pertes de sang causées par quelque vaisseau rompu dans le corps. Voyage de Paul Lucas.

Cruche, signifie figurément & populairement un homme bête & stupide, qui ne sait point raisonner. Stolidus, stupidus, plumbeus.

On dit proverbialement ; tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin elle se brise, pour dire, qu’à force de s’exposer aux dangers, on y demeure à la fin. On dit aussi à ceux qui veulent trop s’opiniâtrer, trop tourmenter un homme, vous le feriez devenir cruche.