Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CRÉPUSCULE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 7).

CRÉPUSCULE. s. m. Lumière foible qui précède le lever du soleil, ou qui reste après son coucher jusqu’à ce que la nuit soit venue. Crepusculum. On prétend que le crépuscule commence & finit lorsque le soleil est environ 18 degrés au-dessous de l’horison. Les parties les plus raréfiées de l’air réfléchissent la lumière ; & tant que le soleil en éclaire quelques-unes, elles sont visibles à ceux à qui la convexité de la terre n’en dérobe pas la vue. Les crépuscules sont plus longs dans les solstices que dans les Equinoxes, dans la Sphère oblique que dans la Sphère droite. La cause des crépuscules ne doit pas être attribuée entièrement à notre air, puisqu’il y a une certaine matière éthérée qui environne le soleil, comme s’il avoit lui-même une espéce d’atmosphère ; ce que l’on peut remarquer, par exemple, après le coucher du soleil, car elle est toujours plus de tems que le soleil à se lever, ou à se coucher. Avant le lever elle paroît de figure circulaire, parce que c’est un segment de l’atmosphère du soleil coupé par l’horison. En un mot sa lumière est tout-à-fait différente de celle qui naît de l’atmosphère terrestre. Instit. Astronom. pag. 402.

Les Crépuscules d’hiver sont plus courts que ceux d’été, parce que l’air est plus condensé en hiver & a conséquemment moins de hauteur. Par la même raison les crépuscules du matin sont plus courts que ceux du soir. La chaleur du jour dilate & raréfie l’air, augmente son volume & sa hauteur.

Papias dérive ce mot de creperus, qu’il dit avoir signifié autrefois incertain & douteux, comme étant une lumière incertaine.

Crépuscule se dit au figuré de l’esprit & de la raison. M. du Bois, Auteur des Conférences d’Angers, le prend pour les premiers tems où l’on commence à avoir l’usage de la raison. Plusieurs Docteurs croient que dans ce crépuscule de la raison le manque de connoissance excuse les enfans de péché mortel (s’ils ne sont pas des actes d’amour de Dieu.) Conf. d’Ang.