Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COUTRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 1003-1004).
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COUTRE. s. m. grosse plaque de fer tranchant attachée à un des côtés de la charrue pour fendre & verser la terre. Aratri culter, dens, dentale. Il diffère du soc, qui est une autre grosse pièce de fer pointu qui commence l’ouverture de la terre. Les Poëtes bucoliques se servent souvent de cette épithète, les coutres tranchans.

Coutre est aussi un nom que l’on donne en plusieurs Eglises à celui qui a soin de sonner les cloches, & de garder les clés de l’Eglise. Templi foribus, ærique campano præpositus.

M. Chasselain remarque fort bien que coûtre est la même chose que custer, ou plutôt Kuster en allemand ; mais ce qu’il ajoûte n’est pas vrai, que ce nom vient de custode ablatif de custos, gardien, & que coûtre est à peu près comme Trésorier ; car Kuster est un mot purement teutonique & franc, & peut être aussi celtique, qui signifie celui qui orne, qui pare, comme il paroît par nos anciens mots accoustrer & accoustrement. Ainsi coûtre est proprement celui qui a soin d’orner, de parer l’Eglise, le Sacristain. Voyez encore Accoustrer. Ménage dans son Hist. de Sablé, Liv. II, c. 3, p. 26, remarque que dans l’original de la fondation du prieuré de Soulesmes on lit custoris, & que dans la liste des Chanoines de la Métropolitaine de Mayence, il y a de même custor pour custos ; & que c’est de là que s’est lait le mot de coûtre pour custos Ecclesiæ dans l’Eglise de Reims ; & dans celle de S. Quentin, pour conservator Ecclesiæ. Il ajoûte, L. IX, c. 8, p. 251, que custor s’est dit pour custos, comme arbor pour arbos ; mais on n’a point terminé en or les noms en os, dans la basse latinité, l’étymologie allemande paroît plus convenable.