Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COUSSINET

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 1000).
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COUSSINET, s, m. diminutif. Petit coussin. Pulvillus. On met des coussinets pleins de choses odoriférantes sur les lits.

Coussinet à Mousquetaire. C’est un coussinet que le Soldat plaçoit autrefois sous sa bandoulière, à l’endroit où il porte le mousquet. Il y a aussi des coussinets que l’on met sur le garot des chevaux de carrosse, de peur qu’ils ne se blessent en cet endroit-là. Les Doreurs sur bois ont des coussinets pour tailler leur or & les Graveurs pour soûtenir les planches qu’ils gravent.

Coussinet est aussi la première assise qui porte la rampe des piédroits des voûtes rampantes. Pulvinus. On l’appelle sommier dans les croisées, ou portes. Le coussinet, ou premier voussoir d’une voûte en arcade, a un lit de niveau, & celui de dessus en coupe en pente pour recevoir les suivans, auxquels il sert d’appui. Frézier.

En Architecture on appelle coussinet l’ornement du chapiteau Ionique entre l’ove & l’abaque, qui sert à former les moulures. Pulvinus. On l’appelle coussinet, parce qu’il représente comme un oreiller pressé par la charge qui est dessus, & qui est roulé & arraché d’une courroie. C’est aussi un nom qu’on donne à l’imposte.

Coussinet. On appelle ainsi, en termes de Couvreurs, des rouleaux de nattes de paille, que ces ouvriers attachent au dessous des échelles, dont ils se servent sur les couvertures des bâtimens. Echelle à coussinet, est une échelle où sont attachés un, ou deux de ces rouleaux.

Coussinet, terme de bottier, petit sac plein de crin & piqué, qu’on met à la genouillière des bottes, pour empêcher qu’elles ne blessent.

Coussinet de Marais. s. m. pl. Plante qui pousse plusieurs tiges menues comme des fibres, foibles, d’un rouge-brun, se couchant & se répandant au large sur la terre, revêtues de feuilles semblables à celles du serpolet, mais plus petites, dures, vertes en dessus, vert-cendré en dessous, à queue fort courte, rangées alternativement le long des tiges. Ses fleurs naissent aux sommités des branches. Elles sont découpées en quatre parties pointues, purpurines, avec plusieurs étamines qui jointes au pistil, font ensemble comme un corps pointu. Il leur succède des baies presque rondes ou ovales, rougeâtres ou jaunes-verdâtres, marquetées de points rouges, ornées d’un ombilic purpurin, formé en croix, d’un goût âcre : ce qui a fait nommer cette plante en latin Oxycoceum. Elle croît dans les marais & dans les autres lieux humides & ombragés. On prétend que ses feuilles, ses fleurs & ses baies arrêtent le vomissement & résistent au venin.