Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COUSIN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 998-999).

COUSIN, INE, s. m. & f. terme relatif & de parenté, qui se dit de ceux qui sont issus de deux frères. Patruelis, frater patruelis, soror patruelis. Il se dit aussi des enfans de deux sœurs, ou d’un frere & d’une sœur. Consobrinus, consobrina. Dans la première génération, ils s’appellent cousins germains ; en la seconde, issus de germains ; en la troisième & quatrième, on les appelle cousins au troisième & au quatrième degré. Sobrinus, sobrina. Dans la primitive Eglise, il étoit permis à un cousin germain d’épouser sa cousine germaine, c’est-à-dire, aux enfans de deux freres, pour empêcher qu’on ne s’alliât dans les familles païennes. Mais Théodose le Grand défendit les mariages entre cousins germains, sous peine de mort, sur ce prétexte de bienséance, que les cousines germaines tiennent lieu de sœurs à l’égard de leurs cousins germains.

Ce mot vient de consanguineus. Nicod. Mais Ménage le dérive de congenius ou congeneus, comme qui diroit ex eodem genere.

Cousin, parent. Les Ecossois se font tous cousins du Roi. Apol. pour Hérodote de l’Edit. de 1735, t. 1, c. 3, p. 25. L’orgueil & la fierté de la Nation peuvent avoir donné lieu au proverbe : Un temps fut que la France se trouvoit fort bien du secours d’Ecosse contre les Anglois ; & alors à tout autant de Seigneurs ou de Gentilshommes Ecossois à qui le Roi écrivoit ; ou qui passoient les mers pour le servir, il donnoit libéralement le titre de cousin. Encore aujourd’hui, d’un homme fort vain, on dit qu’à l’en croire, le Roi n’est pas son cousin. Note de M. Le Duchat.

Cousin Paternel se dit des cousins qui sont issus des parens du côté du pere ; Patruelis. Cousin maternel, de ceux qui sont issus du côté de la mere. Amitinus, amitina.

Cousin est aussi un terme d’honneur que les Rois donnent aux Princes de leur sang, aux Cardinaux, à des Princes étrangers, & aux principales personnes de leurs Etats qu’ils veulent honorer. Cognatus. Le Roi traite les Ducs & Pairs, les Maréchaux de France de cousins. Le Roi donne la qualité de cousin aux Archevêques, quand il leur écrit mais il n’en honore pas les Evêques.

Cousin est encore un nom que se donnent les particuliers en témoignage d’amitié. Amicus. Si vous faites cela, nous ne serons pas cousins, c’est à-dire, nous ne serons pas amis. Ces deux hommes ne vont jamais l’un sans l’autre, ils sont grands cousins.

Cousin se dit aussi, en style burlesque, des écornifleurs de campagne, qui, sous prétexte de parenté ou d’amitié, vont manger chez les gentilshommes du voisinage. Parasiti. Plusieurs sont obliges de vendre, de quitter leurs terres, parce qu’ils sont mangés de cousins.

☞ A Bourges, on appelle cousins de la Fête-Dieu, ceux qui vont descendre & loger chez quelqu’un sous prétexte de parenté, le jour de la Fête-Dieu, pour y voir la procession ; & cousins du Sacre, ceux qui viennent à Angers voir la même procession qu’on appelle Sacre,

Cousin signifie un chanteau long qu’on faisoit ci-devant, quand on rendoit le pain bénit, pour en envoyer des parts aux parens & aux amis, parce que le chanteau de l’Eglise ne suffisoit pas, & n’étoit pas si bien étoffé, ni si délicat. Libum placenta. On faisoit honneur à ses amis en leur envoyant du cousin.

Cousin, en termes de grosse forge. Les Maîtres de grosse forge appellent le gouverneur du fourneau, le fendeur, l’affineur, le marteleur & les autres Forgerons, cousins. Ils disent que dans les forges, ils sont tous cousins, le Maître est cousin comme les autres.

Cousin, ☞ petit insecte, sorte de moucheron assez connu par son bourdonnement, & par la piqûre qu’il fait. Culex. Les cousins & les mouches ont six grandes jambes, n’ont point de cou, & ont une trompe qu’ils allongent & retirent, par le moyen de laquelle ils succent le sang des animaux & les autres liqueurs dont ils se nourrissent. ☞ Le meilleur remède contre les piqûres des cousins, c’est de laver la plaie aussitôt qu’on a été piqué, avec de l’eau ou tout autre topique émollient & raffraîchissant, afin de prévenir ou de diminuer au moins l’enflure & la démangeaison.

En Amérique, on est tellement affligé de cousins, qu’on ne sauroit dormir à l’air, ni avoir aucune partie du corps découverte. Pour s’en défendre, il faut se servir d’une cousinière : précaution qu’on prend dans tous les pays chauds. Pour les faire sortir d’une chambre, il faut mettre une lumière au dehors, ils y accourent, & puis on ferme promptement toutes les fenêtres.

Ménage dérive ce mot de culcinus, formé de culex.

Cousin se dit proverbialement en ces phrases. Tous Gentilshommes sont cousins, & tous vilains, compères. On appelle du mauvais vin dans un logis, du chasse-cousin. On dit dans le style familier, si telle fortune m’arrivoit, le Roi ne seroit pas mon cousin ; pour dire, je m’estimerois plus heureux que le Roi. Acad. Fr.