Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COURBARI ou COURBARIL

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 978).
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COURBARI ou COURBARIL. s. m. arbre d’Amérique qui s’élève fort haut, & dont le bois est dur, rougeâtre, & bon pour la menuiserie. Son tronc & ses branches sont couvertes d’une écorce épaisse, rude, inégale & brune. Ses branches sont longues & fort ramifiées. Elles sont chargées de feuilles glabres, pareilles à celles du laurier, mais d’un vert moins foncé, sans aucun goût aromatique. Elles viennent au nombre de deux à l’extrémité de chaque queue. Ses fleurs naissent par bouquets assez considérables, & disposés en manière de pyramide. Elles sont légumineuses, purpurines, & donnent des gousses fort grosses, dures, aplaties, dont les cosses sont si étroitement unies, qu’on ne sauroit les séparer, & dont l’intérieur est rempli d’une substance qui étant séchée est toute fibreuse, soyeuse & mêlée d’une poudre ou farine douce & jaunâtre. Cette substance enveloppe des semences un peu ovales, grosses, dures, noirâtres au dessus, blanchâtres en dedans. Il découle de cet arbre une gomme résine fort transparente, d’assez bonne odeur lorsqu’on la met au feu. Pison, en parlant de cet arbre sous le nom de Jetaiba, dit que cette résine est nommée Animé chez les Portugais. La résine qu’on vend aujourd’hui pour gomme Copal, & qu’on employe dans les beaux vernis, n’est pas différente de l’Animé des Portugais. Le Courbari est commun dans nos Îles Antilles. Voyez Plum. du Tertre, Rochef. Hernand.

On a trouvé à quelques-uns de ces arbres des morceaux de gomme gros comme le poing, mais dure, transparente, & claire comme de l’ambre, qui ne se dissout ni à l’eau, ni à l’huile. Cette gomme est de bonne odeur, & quand on la brûle, elle exhale une fumée fort agréable. On se sert ordinairement du bois de cet arbre pour faire les rouleaux des moulins à sucre. C’est quand il est vieux qu’il rend de la gomme. Quelques Indiens en forment des boutons de différentes figures, dont ils font des bracelets, des coliers & des pendans d’oreille, qui sont beaux, luisans, & sentent fort bon.

Courbari se prend quelquefois pour la gousse de l’arbre qu’on vient de décrire.