Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COUCOU

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 954-955).
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COUCOU. s. m. oiseau dont le nom est tiré de son chant. Cuculus. Il ne paroît & ne chante qu’au printemps.

☞ Le Coucou ne fait point de nid ; il s’empare du nid des autres oiseaux, y met son œuf, (car il n’en pond qu’un) & l’abandonne. L’oiseau propriétaire du nid, couve l’œuf du coucou, & prend soin du petit lorsqu’il est éclos. C’est pourquoi les Anciens ont fait du mot coucou, un terme d’injure & de mépris. Ils appeloient coucou, un lâche, un stupide, un sot, qui laisse faire aux autres ce qu’il doit faire lui-même. Vossius dit qu’il met des œufs dans le nid des autres, parce qu’il est extrêmement froid, & qu’il n’a point assez de chaleur pour couver & faire éclorre ses œufs. Quelques-uns mettent le coucou au nombre des oiseaux de rapine : c’est une espèce d’épervier.

Albert, Aristote & Avicenne, distinguent deux différens genres des coucous, l’un grand, l’autre petit.

Le grand coucou de la grande espèce a le bec assez long, & presque d’égale grandeur à celui des ramiers, mais il est plus gros, plus aigu, & un peu plus crochu. Sa partie de dessus à l’extrémité est un peu courbée, & plus longue que la partie inférieure. Celle de dessus est noire, & celle de dessous de couleur de corne. L’ouverture du bec avec tout ce qui paroît en dedans, & la langue, sont jaunes. Les narines sont rondes & ouvertes, l’iris de l’œil est d’un jaune éclatant ; la prunelle est brune, ou plutôt noire. Toute la partie courbée en avant, tant celle qui est cendrée que la blanche, est distinguée de lignes, ou plutôt de marques obscures qui s’étendent en travers, & qui ne sont pas continues, mais entrecoupées. Le champ de son pennage en général est diversifié d’une couleur noire & de rouille, la plus grande partie des pennes blanchissent vers leurs extrémités. Les grandes & celles qui couvrent les grandes pennes, que les Fauconniers nomment les témoins, sont diversifiées de lignes blanches, également mises par ordre par les bords. Pour les grandes pennes des aîles, elles sont presque toutes noires, blanchissant toutefois au milieu de part & d’autre des extrémités, qui s’étendent beaucoup par delà le milieu de la queue, laquelle est aussi diversifiée de blanc, de noir & de rouille. La couleur noire paroît en chaque penne, & compose deux lignes qui finissent en angle au milieu, & sont divisées par distances égales d’un bel ordre jusques au bout. Les côtés des pennes sont teints d’une couleur de rouille. Il y a une ligne blanche qui coupe les pennes par le milieu. Toutes les extrémités des pennes sont blanchâtres. Ses jambes sont fort grêles, & courtes, & peu proportionnées au reste du corps. Ses cuisses sont courtes & grêles, & l’os de la jambe est à peine plus long que le travers du pouce. Elles sont couvertes par enhaut de poil blanchâtre, qui tombe de ses cuisses par delà les genoux, lesquelles sont teintes d’un jaune lavé & clair, ainsi que les doigts des piés, desquels il y en a deux devant, & deux derrière.

L’autre grand coucou est de même grandeur que le premier. Il a le bec plus long & plus courbe ; le dessus en est noir, & le dessous de couleur de corne. L’ouverture & le dedans du bec sont entièrement jaunes. Le cercle qui environne la prunelle de l’œil est d’un jaune resplendissant, la prunelle noire. Tout le dessous de l’oiseau est cendré, ou gris-blanchâtre, tirant un peu sur le châtain, par les manteaux particulièrement ; car la tête, le dessus du cou, & le bas du dos, sont entièrement d’un gris cendré. Les grandes pennes, particulièrement les deux plus grandes, s’étendent jusqu’au milieu de la queue. Celles qui sont vers le dos, sont semées de marques blanches, qui sont mises par ordre en long. Les dix pennes de la queue sont marquées des deux côtés du tuyau de taches faites en façon de cœur, qui sont à un doigt d’intervalle, & composent un très-bel ordre, & fort agréable à voir ; mais les mêmes par leurs bords intérieurs (excepté les deux du milieu, & tous leurs bouts) sont toutes marquetées de taches très-blanches. Son ventre, sa poitrine & son croupion, sont d’un cendré blanchâtre, avec des lignes noires qui les traversent, ainsi qu’aux autres oiseaux de proie. Ses jambes sont fort courtes, & couvertes de petites plumes jusqu’auprès des piés, qui sont d’un jaune très-couvert, & environné de tablettes, aussi-bien que les doigts des piés qui sont pareillement un peu jaunâtres. Le plus grand des doigts des piés, c’est-à-dire, celui du milieu, est un peu plus large vers le milieu, & un peu creux, pour mieux serrer. Ses doigts sont partagés devant & derrière, ainsi qu’au précédent.

Le coucou de la petite espèce est fort semblable pour la grandeur de son corsage à l’épervier, & s’il avoit le bec courbé, plusieurs y seroient trompés, tant leurs plumages ont de rapport. Il n’a pas plus de chair qu’une grive ; sa voix est très-haute. Cet oiseau est fin & avisé. C’est lui qui, si-tôt qu’il a trouvé le nid de quelqu’autre oiseau, en casse les œufs, les mange, & y fait son œuf à la place. Quelquefois trouvant le pere & la mere dans le nid, il demeure au guet jusqu’à ce qu’ils partent. Il amasse quelquefois jusqu’à un boisseau de blé dans le creux d’un arbre, pour passer son hiver. Il ne sort qu’à la fin d’Avril de sa cache, parce qu’il appréhende extrêmement le froid. Il craint les autres oiseaux de proie, principalement l’épervier, qui lui fait la guerre & le tue lorsqu’il peut le rencontrer. On le tient bâtard d’épervier. Il se retire pendant les jours caniculaires.

On dit que le grand coucou met ses œufs dans le nid des pigeons ramiers, & le petit dans celui du hochequeue & de l’alouette, & sur-tout dans celui du verdon, curruca. Voyez sur cet oiseau & ses propriétés Vossius, de Idolol. L. III, C. 82, 95, 98.

☞ Le Coucou, étoit consacré à Jupiter. On dit que ce Dieu, transi de froid, alla sous la forme de cet oiseau se reposer sur le sein de Junon pour se réchauffer.

On dit figurément, qu’un homme est coucou, ou cocu, quand sa femme ne lui garde pas la fidélité conjugale.

En termes de Jardinage, on appelle coucou, une espèce de fraisier qui fleurit beaucoup, & qui ne porte jamais de fruit. Fragaria sterilis.

Coucou, terme de jeu. C’est le nom d’un certain jeu de carres, qu’on appelle ainsi à Paris, & here ou haire dans plusieurs Provinces. Voyez ce mot, & les règles du coucou dans le Livre de l’Académie des Jeux.

Coucou. Plante & fleur printanière. Voyez Primevère. C’est la même chose.