Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CORNARD

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 918).
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CORNARD. s. m. Cocu, terme injurieux qu’on donne à celui dont la femme est infidelle. Corruca. Quelques-uns croient que ce mot vient des habits de sous, qui portoient autrefois des cornes, parce qu’on accuse de sottises, ou de folie, ceux qui souffrent le libertinage de leurs femmes. Borel dit qu’il vient de cornettes de femme, & qu’on a dit qu’un homme qui obéissoit à sa femme portoit la cornette, comme on dit de celle qui est la maîtresse dans la maison, qu’elle porte le haut-de-chausse. Ce mot est bas. Le même Borel, sur le mot cornard, qui veut dire sot en vieux langage, dit que cornard a été formé de conard, ou qu’on a dit cornard pour conard, parce que ceux dont les épouses sont infidelles sont méprisés & regardés comme des sots.

CORNARD, l’Abbé des Cornards : Abbas Cornardorum, dans la basse latinité, signifie celui qui étoit choisi pour présider à la fête des fous. Voy. Fête des fous. M. l’Abbé le Bœuf pense que le mot de Cornard pourroit être dérivé des Joueurs de cornet ou d’autres instrumens semblables, & que l’Abbé des Cornards pouvoit être le chef des Menestriers, Corneurs & autres Joueurs d’instrumens. Jean Régnier se sert du verbe corner.

Encore vouldroye bien avoir
Des Menestriers trois ou quatre,
Qui de corner feissent devoir
Devant le corps pour gens esbattre.

Cornard. Keratophorus. Ce mot se trouve dans le même sens qu’on le dit dans la plupart des langues modernes, dans une épigramme grecque de Lucilius & dans Artémidore.