Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONVULSIONNAIRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 888).
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CONVULSIONNAIRE. s. m. malade agité de convulsions.

☞ CONVULSIONNAIRES ou CONVULSIONISTES. On a donné ce nom à quelques fanatiques modernes dont la secte a commencé de nos jours sur le tombeau de M. Paris. Ce fanatisme déplorable fut rejeté avec unanimité par les appelans les plus éclairés ; de-là, les noms de Convulsionnaires & d’Anticonvulsionnaires. Tous les miraculés étoient agités sur le tombeau de M. Paris de convulsions les plus surprenantes, dont on peut voir le détail dans un auteur non suspect, M. Colbert, Evêque de Montpellier, dans son Ordonnance du 11 Nov. 1736. Ces convulsions, dit-il, consistoient dans des élancemens subits, des tremblemens & des secousses violentes de tout le corps, des roulemens par terre, des bondissemens sur le pavé, des roideurs, des agitations effrayantes des bras, des jambes, de la tête contre le pavé, des extensions douloureuses, des frissonnemens, des grincemens de dents, des renversemens dans les yeux, des contorsions dans le Visage, des mouvemens impétueux & involontaires qui paroissoient tenir de la fureur, des douleurs inexprimables, des états d’insensibilité & de mort apparente, des cris affreux qui ressembloient à des mugissemens, des altérations, & quelquefois même des paroles d’impatience & d’emportement. Reconnoît-on ici l’œuvre de Dieu ? Est-ce de miraculés qu’on nous parle, ou plutôt ne nous fait-on pas le récit des plus furieuses possessions ?

☞ Le Cimetière fut fermé par ordre du Roi, au mois de Janvier 1732. Des maisons particulières furent les théâtres où l’on continua de jouer en secret ces farces scandaleuses. Mais enfin les convulsions ont eu le sort de toutes les nouveautés, & sont tombées avec le temps dans le discrédit.