Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONVERS

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 883-884).
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CONVERS, ERSE. adj. C’est un nom qu’on donne en plusieurs couvens aux Frères lais qui n’ont point d’Ordres, & qui ne chantent point au Chœur, mais qui servent en divers bas offices de la maison. Rei domesticæ in cœnobio administrator, administer, laïcus, conversus. Dans les premiers temps, & jusqu’au onzième siècle, on nomma Convers, conversi, c’est-à-dire, convertis, ceux qui embrassoient la vie monastique en âge de raison ; & ce nom les distinguoit de ceux que leurs parens y avoient engagés en les offrant à Dieu dès l’enfance, & que pour cela l’on nommoit oblats, oblati ; c’est-à-dire offerts. Dans le onzième siècle on commença à recevoir dans les Monastères des gens sans lettres, qui ne pouvoient devenir Clercs, & qui étoient uniquement destinés au travail corporel & aux œuvres extérieures, & on les nomma Frères lais ou convers. C’est ce qu’en dit le Père Mabillon, Sæc. VI, Bened. Præf. II, n. 11. Le même Auteur prétend au même endroit, n. 90, que Saint Jean Gualbert, Instituteur & premier Abbé de Vallombreuse, est aussi l’Instituteur des Frères convers, distingués par état des Moines du Chœur, qui dès-lors étoient Clercs ou propres à le devenir.

Il les reçut pour avoir soin du temporel de son Ordre. Les converses ne furent établies qu’après sa mort. Elles n’étoient pas Religieuses, comme les convers ; mais selon toutes les apparences elles étoient du nombre de celles qui se donnoient en servitude elles & leurs descendans à un Monastère. Celles de Vallombreuse jouissoient de leurs biens leur vie durant, s’il en faut croire Didace Franchi & quelques autres Historiens de cet Ordre. Elles faisoient néanmoins une espèce de profession entre les mains de l’Abbé, & vivoient comme en société sous l’obéissance des Supérieurs de l’Ordre. P. Hél. T. V, c. 28. S. Guillaume, Abbé d’Hirfauge, fut le premier qui établit des convers en Allemagne dans le XIe siècle. Id. c. 52. Les Frères convers Bénédictins de la Congrégation du Mont Canin s’appellent Frères commis. Id. T. VI, c. 29. Un Frère convers ne peut posséder des bénéfices. Une Sœur converse. Administra, adjutrix, conversa Soror.

Ce mot vient du latin conversus. Quelques Auteurs les ont appelés fratres barbati, parce qu’ils laissoient croître leurs barbes, ce qui se pratique dans l’Ordre des Chartreux.