Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONTRE-SENS

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 875).

☞ CONTRE-SENS, s. m. sens qu’on donne à un mot, à un discours lorsqu’on le prend dans un sens contraire à celui qu’il a naturellement. Contrarius sensus. Quand le discours rend une autre pensée que celle qu’on a dans l’esprit, ou que l’Auteur qu’on interprête y avoit, c’est un contre-sens. Je vous ai bien expliqué ma pensée, & vous avez pris le contre-sens. Les traducteurs sont sujets à faire des contre-sens. Verba in contrarium sensum detorquere.

Contre-sens se dit aussi en parlant des étoffes & autres choses, pour marquer qu’elles ne sont pas du sens & du côté qu’elles doivent être. Mon tailleur a pris le contre-sens de l’étoffe.

☞ On l’emploie plus ordinairement adverbialement, & souvent dans un sens figuré. Cet homme a l’esprit mal fait, il prend tout à contre-sens & à rebours. Les contre-vérités sont des choses qui se doivent entendre à contre-sens, dans un sens contraire. Notre imperfection nous fait prendre, pour ainsi dire, le zèle des Supérieurs à contre-sens, & au lieu de l’approuver & de l’aimer comme un moyen de sanctification par rapport à nous, nous le condamnons, & nous nous en choquons. Bourdal. Exh. T. I, p. 228. Un fer frotté d’aimant attire un autre fer ; mais il perd cette propriété lorsqu’il est frotté à contre-sens. Roh.