Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONTENTEMENT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 853-854).
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CONTENTEMENT, s. m. ☞ joie, plaisir, dit le Dictionnaire de l’Académie. Le contentement n’est point tout cela, il regarde proprement l’intérieur du cœur ; c’est un sentiment qui rend l’ame tranquille. La joie regarde particulierement la démonstration extérieure, c’est une expression extérieure qui agite quelquefois l’esprit. La satisfaction regarde plus les passions, c’est un retour sur le succès dans lequel on s’applaudit. Le plaisir regarde principalement le goût ; c’est une sensation gracieuse dont les suites peuvent quelquefois être désagréables. Syn. Fr. Animi suâ orte contenti tranquillitas.

Contentement (Le) est un sentiment qui rend l’ame tranquille dans la possession de ce qu’on a, sans rien désirer de plus. Il est difficile qu’un homme inquiet & turbulent ait jamais un vrai contentement. La plûpart des hommes sont gens de bien, plus pour l’honneur de le paroître, que pour le solide contentement de l’être en effet.

On dit, contentement passe richesse ; pour faire entendre que ce sentiment qui rend l’ame tranquille est le plus grand de tous les biens.

Qui nous verra ? personne, je l’assure,
Quitte après tout à perdre la gageure ;
Le grand malheur ! en mourrez-vous de faim ?
Contetement passe richesse enfin. P. du Cerc.

On dit populairement, ce n’est pas contentement ; pour dire, cela ne suffit pas. On n’a donné que tant à cet ouvrier, ce n’est pas contentement.

Le mot de contentement appliqué au monde, désigne ce amusemens, ses plaisirs. Les contentemens de ce monde passent comme une ombre. La solitude ne donne point ces contentemenrs exquis que l’on goûte dans une haute élévation de la fortune. Oblectamentum, voluptas..