Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONSUMER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 850).

☞ CONSUMER, v. a. détruire, réduire à rien. Consumere, absumere. On le dit au propre, particulièrement du feu qui détruit par une action vive & rapide, & au figuré, du temps & des maux dont les progrès sont plus lents. Le feu consuma une partie du bâtiment. La victime fut consumée par le feu. Le temps consume tout. Tempus edax rerum. Le temps qui consume les marbres les plus durs, peut venir à bout de la résistance la plus obstinée. S. Evr. Il a une fièvre lente qui le consume. Le mouvement le plus délicat de l’amour, c’est la langueur, qui, comme une flamme secrette nous consume doucement. S. Evr. Le feu de l’amitié échauffe le cœur sans le consumer. Pourquoi vous laissez-vous consumer aux chagrins & à la tristesse ? ☞ On le dit aussi avec le pronom personnel. Cette femme se consume en regrets superflus. Exedi. Les filles de Darius fondoient en larmes, & se consumoient d’ennui. Vaug. C’est un amant discret, qui se laissera plutôt consumer que de se plaindre. Le Pays.

N’allez pas sur des vers sans fruit vous consumer,
Ni prendre pour génie un amour de rimer. Boil.

Vaincu, chargé de fers, de regrets consumé,
Je souffre tous les maux que j’ai fait devant Troye. Rac.

Consumer se dit encore des choses qui se détruisent par l’usage. Consumer son bien, son patrimoine. Abligurire. Consumer son bien en débauches, en folles dépenses. L’Espagnol dit en proverbe que les Juifs consument leur argent en Pâques, les Maures en noces, & les Chrétiens en procès. Le Prêtre consume la Sainte Hostie.

Dans cette acception on dit abusivement consommer ; & cet abus paroît autorisé par l’usage.

Consumée, ée, part.