Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONSULTER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 849-850).

☞ CONSULTER, v. a. demander, prendre conseil de quelqu’un. Consulere aliquem, in consilium adhibere ; consilium ab aliquo petere. Un plaideur consulte son Avocat pour se défendre on pour agir contre sa partie. Un malade consulte son Médecin pour savoir ce qu’il doit faire relativement à sa santé. On consulte le Devin pour découvrir ce qui est caché. On consultoit les Oracles pour savoir ce qui devoit arriver. Saül consulta la Pythonisse & l’ombre de Samuel, pour savoir le succès de la bataille qu’il devoit donner. Les Payens ne faisoient aucune entreprise sans consulter les Oracles, ni les Persans & les Indiens sans consulter les Astrologues. On consulte les Casuistes sur des cas de conscience. On devroit toujours demander avis à des gens expérimentés dans un art, sur les difficultés qu’on a dans des circonstances épineuses. Consulere aliquem consilium ab aliquo petere, aliquem in consilium adhibere. Il est allé consulter sa donation à des Avocats. Il a appelé des Médecins pour consulter sur son mal. Il est allé consulter les Casuistes de Sorbonne sur un scrupule de conscience. Il a longtemps consulté, conféré avec les amis s’il devoit se marier. On dit, consulter l’Oracle. Consulter les Devins. Consulter le Prince. Ablanc. Le Sage consulte quelquefois les hommes les moins intelligens. Morale de Confucius.

Il semble que le Roi dans ce choix d’importance
Ait daigné tous nous consulter,
Et sans user de sa puissance,
N’ait songé qu’à nous contenter.

Nouv. choix de vers.

☞ On dit en ce sens consulter les Astres, consulter ses livres, chercher dans ses livres le parti qu’on doit prendre.

☞ Dans un sens figuré, consulter son devoir, sa conscience, ses forces : examiner avec attention si le devoir, la conscience, les forces permettent de faire ce qu’on le propose. On doit excuser le crime commis dans le mouvement de la colère, & sans avoir consulté la raison. M. Esp. Ce bon mari ne loue & ne blâme rien sans avoir consulté les yeux & le visage de la femme. La Bruy. Chacun consulte toujours son intérêt, quand il s’agit de ceux d’autrui. Vaug.

Prononcez par vous-même, & ne consultez pas
Des cœurs intéressés à troubler vos États. Capistron.

Quand je consultois la nature,
Je ne pensois qu’à me venger. L’Abbé Tétu.

☞ On dit de même, qu’une femme consulte son miroir, sur la manière d’étaler les appas qu’elle prend sur sa toilette. Les appas viennent de ces grâces cultivées que forme un fidèle miroir consulté avec attention, & qui sont le travail entendu de l’art de plaire.

☞ Dans le style familier, consulter son chevet, se donner le temps de délibérer, passer la nuit avant que de se déterminer.

Consulter s’emploie absolument pour délibérer ensemble.

Les Médecins ont consulté sur sa maladie, les Avocats sur son affaire.

Consulter se dit aussi de la chose sur laquelle on demande avis. Consulter une affaire, une maladie. Dans ce sens il se dit aussi passif. Cette affaire a été consultée aux meilleurs Avocats. Acad. Fr.

Consulter signifie aussi délibérer avec soi-méme, être irrésolu, incertain quel parti on doit choisir. Consultare, deliberare. Il consulte encore en lui-même s’il achètera cette charge.

Lorsque vous consultez si vous devez vous rendre,
Hélas ! vous êtes tout rendus. Vill.

Consulté, ée. part,