Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONSONNANCE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 836-837).
CONSONNANT  ►

CONSONNANCE. s. f. terme de Musique, union, convenance de deux sons, l’un grave, & l’autre aigu, qui se mêlent avec une certaine proportion, en sorte qu’ils font un accord agréable à l’oreille. Convenientia, consonantia. Consonnance mixte. Consonnance parfaite, imparfaite, doublée, triplée, &c. L’unisson est la première des consonnances. La seconde consonnance est l’octave. La troisième, la quinte, & ensuite la quarte, les tierces & les sixièmes majeures & mineures. Les autres sont les doubles ou répétitions de celle-là. Il n’y a que sept ou huit consonnances simples.

Les consonnances majeures sont celles qui surpassent les mineures d’un demi-ton. Les consonnances mixtes sont celles qui sont tantôt majeures & tantôt mineures. Lancelot. Les quartes & les quintes sont les consonnances les plus considérables. Id. Les consonnances parfaites sont l’unisson, l’octave & la quinte, & leurs répliques.

Nivers, dans son Traité de la composition de la Musique, rejette l’unisson du nombre des consonnances, parce que toute consonnance est entre des tons différens en nombre & en espèce ; mais l’usage a prévalu. Le même Auteur distingue deux sortes de consonnance, les parfaites & les imparfaites. Les parfaites, sont la quinte & l’octave. Les imparfaites sont, la tierce & la sixième, qui se divisent en majeures & mineures.

Plusieurs anciens Musiciens ne mettoient point l’unisson au nombre des consonnances, parce qu’ils regardoient la consonnance comme un mêlange agréable de sons dissemblables, graves & aigus, qui frappent doucement l’oreille. Les consonnances se divisent en simples & en composées : les consonnances simples sont celles en la proportion desquelles les deux extrêmes sont tellement ordonnés entr’eux, que telle proportion ne peut être divisée par un terme mitoyen : les consonnances composées sont celles qui peuvent être divisées en une autre proportion par un terme mitoyen. P. Parran. Toute consonnance est parfaite ou imparfaite ; les parfaites sont trois, l’unisson, le diapente, & le diatessaron : elles sont parfaites, parce qu’elles ne sauroient recevoir de changement, ou altération, sans quelque mauvais effet ; les imparfaites sont le diton, le semi-diton, l’éxachorde majeur, & l’éxachorde mineur : on les nomme imparfaites, parce qu’étant comparées aux autres, elles ne sont pas si parfaites, & parce qu’elles peuvent recevoir quelque altération, en diminuant ou en augmentant. Id. C’est l’oreille qui doit faire le rapport des sons à la raison, afin qu’elle juge de la bonté des accords, & de la justesse des consonnances. Lancelot.

Consonnance dissonnante. Tout accord dissonnant ne peut être composé que de l’union des consonnances ; & c’est de la comparaison que l’on fait de deux consonnances prises en particulier dans un accord que se forme la dissonnance ; ainsi dans l’accord de la septième, composé de l’union de deux quintes & de trois tierces l’on trouvera que les deux sons extrêmes sont dissonnans entr’eux, puisqu’ils ne font ni quinte, ni tierce ensemble, & qu’ils font au contraire septième ou seconde par renversement. Il ne faut pas examiner seulement les intervalles qui se trouvent entre la basse & les autres sons d’un accord, sans avoir égard aux différens intervalles que tous les sons peuvent former ensemble en les comparant les uns aux autres, de sorte que l’on prend quelquefois pour consonnant un son qui est en effet dissonnant. Par exemple, dans l’accord de la petite sixte, il ne se trouve que trois consonnances qui sont la tierce, la quarte & la sixte ; mais si l’on confronte la tierce avec la quinte, l’on trouvera que ces deux sons forment dissonnance ensemble. Pareillement dans l’accord de la grande sixte, il se trouve trois consonnances, qui sont la tierce, la quinte & la sixte, où l’on trouvera encore une dissonnance entre la quinte & la sixte. Donc ces consonnances sont dissonnantes entr’elles, & il ne reste plus qu’à savoir distinguer celle qui forme la dissonnance, ce qui est facile, en rapportant ces accords à leur fondement, où l’on verra que dans l’accord de la petite sixte c’est la tierce qui forme la dissonnance & que dans celui de la grande sixte c’est la quinte ; puisque cette tierce & cette quinte sont en effet la septième du son fondamental de l’accord de la septième, dont ces deux dernières dérivent. Rameau. Pour connoître les consonnances qui doivent être préférées lorsqu’il s’agit de les doubler, il n’y a qu’à compter les consonnances par ordre : ainsi, l’octave, la quinte, la quarte, la tierce & la sixte, pour savoir distinguer que l’on doit préférer l’octave à la quinte ; & ainsi de suite, en remarquant que l’octave est déja une réplique, & que dans l’accord consonnant de la sixte, l’octave de la tierce ou de la sixte est aussi bonne que celle de la basse. Id. Voyez Dissonnance.

Consonnance, en terme de Grammaire, se dit aussi des cadences semblables, ☞ de la ressemblance des sons des mots dans la même phrase. Consonantia similiter desinens. Ce qui rend quelquefois une longue Poësie françoise ennuyeuse, ce sont les rimes qui ont trop de consonnances, ou de mêmes chutes. Les consonnances sont vicieuses dans la Prose françoise, quoique les latins en fassent une figure qu’ils appellent ὁμοιοτέλευτον. ☞ Comme la rime entre dans le méchanisme de nos vers françois, nous ne voulons la voir que là, & l’oreille est frappée désagréablement quand deux mots qui ont le même son, se trouvent l’un auprès de l’autre ; comme si je disois, lorsque deux mots qui ont le même son, sont l’un auprès de l’autre. Il faut, disent Vaugelas & Bouhours, éviter en Prose, non-seulement les rimes, mais encore les consonnances des mots ; comme celle qui le trouve entre Soleil & immortel. Les consonnances sont autorisées dans nos proverbes.