Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONSOLATION

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 834).

☞ CONSOLATION. s. f. soulagement qu’on donne à l’affliction de quelqu’un ; discours qui tend à adoucir, ou dans lequel on se propose de modérer la douleur ou la peine des autres. Consolatio, solatium. Donner, apporter, recevoir de la consolation. Ecrire une lettre de consolation. L’homme, dans les accidens imprévus qui lui arrivent, dont il feint de n’être point ébranlé, ne reçoit bien souvent d’autre consolation que de sa vanité. M. Esp. L’amitié adoucit toutes les douleurs, & fait que dans les plus grandes infortunes on trouve la consolation. S. Evr. Combien de misérables à qui il ne reste d’autre consolation que celle de redire ennuieusement leur misère ! Fléch.

Que de sots complimens de consolation,
Qui sont surcroît d’affliction ! La Font.

Consolation se dit aussi d’un véritable sujet de joie. C’est une grande consolation pour un pere de voir ses enfans se porter au bien.

Consolation, en termes de dévotion & de spiritualité, signifie une certaine joie de l’ame dévote, un mouvement intérieur d’amour & d’espérance. Ceux qui ne veulent nourrir leur dévotion que de consolation & d’espérances, envisagent Dieu comme père, & croyent n’avoir rien à faire avec lui comme juge. Fléch. Les spirituels, lorsque les consolations leur manquent, tombent dans ce qu’ils appellent aridité & sécheresse. S. Evr.

☞ Consolation se dit aussi des choses & des personnes qui consolent. La philosophie, les livres, sont toute sa consolation. Dieu est notre consolation. Sa fille est son unique consolation.

Consolation, dans l’Histoire Ecclésiastique, est une cérémonie que les Manichéens Albigeois substituoient au Sacrement de Pénitence & au Viatique à l’article de la mort. Ils prétendoient que tous les péchés étoient remis sans confession ni satisfaction par cette cérémonie ; pourvu que le Ministre qui la faisoit, ne fut point en péché mortel. Consolatio, manuum impositio. Elle consistoit à réciter le Pater noster, & à recevoir l’imposition des mains de leurs Docteurs, qu’ils nommoient leurs Docteurs Prévôts, Præpositi, Evêques ou Diacres, & en général Ordonnés, Ordinati. Celui qui faisoit cette cérémonie, avant que d’imposer les mains, les lavoit sur la tête du pénitent, sur laquelle il mettoit aussi le livre des évangiles, & disoit sept fois le Pater, avec le commencement de l’évangile de S. Jean. Selon ces hérétiques, tout le secret du salut consistoit à saisir heureusement les derniers momens de la vie, afin d’y dire simplement le Pater noster, & recevoir l’imposition des mains, que leur faisoient leurs Docteurs, & que l’on nommoit parmi eux la consolation. Consolés, en effet, avec ce viatique de tout ce qu’une mort prochaine & une conscience bourelée de crimes peuvent causer d’inquiétudes, ils mouroient tranquilles, sur-ce dans les flâmes, & auroient acheté la consolation au prix de tous leurs biens. P. Fontenay. Voyez au mot Parfait.

On dit proverbialement que la consolation des malheureux, c’est d’avoir des semblables.

Consolation, terme de jeu de cartes. A l’hombre, au quadrille, &c. celui qui a demandé à jouer, & qui perd, distribue aux joueurs un tribut convenu qu’on appelle consolation.