Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONSIDÉRER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 831).

CONSIDÉRER, v. act. observer, regarder avec attention. Considerare, contemplari. On ne peut trop considérer les merveilles de la nature. Vous ne considérez pas assez le travail de ce tableau, & le nombre des figures.

☞ Il signifie aussi, examiner avec attention quelque chose pour nous corriger plus sûrement de nos fautes, il faut nous les faire considérer dans les autres. S. Real. Il est peu de spectacle plus agréable aux yeux du sage, que de considérer la conduite des hypocrites, dans les occasions où leur intérêt ne s’accorde pas avec la conscience. Id.

Considérer signifie encore peser une chose, en faire le cas qu’elle mérite. Ponderare, attendere ad. L’homme ne considere pas assez son néant & la grandeur de Dieu. Nos passions nous entraînent avec tant de rapidité, qu’elle ne nous permettent pas de considérer nos sentimens à loisir. S. Real.

Considérer signifie aussi avoir égard à quelque chose. Un bon Juge ne doit considérer ni la faveur, nu la qualité des personnes, mais seulement le bon droit. Considérez les bons services qu’il vous a rendus. Ac. Fr.

Il signifie encore estimer une chose pour sa valeur, pour son mérite. Æstismare, magni facere. Les hommes ne considerent la vertu que selon les sujets où elle se trouve, & point du tout en elle-même. S. Real.

Il signifie aussi avoir de la considération pour quelqu’un, en faire cas. On dit c’est un homme que je considere beaucoup ; mais cela ne se dit qu’en parlant de ses inférieurs. Ac. Fr.

Considérer. (Se faire) C’est par sa conduite ou par ses talens s’attirer de l’estime & la considération de la part des autres. Cet Officier se fait considérer à l’armée par son courage & son intelligence.

CONSIDÉRÉ, ÉE. part. Consideratus, spectatus, perpensus. Au Palais on se sert de ces formules, la conclusion des Requêtes commence toujours par, ce consideré, Nosseigneurs. Les Arrêts peu avant le dispositif, disent toujours, le tout vû & considéré.