Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONGRÈS

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 807-808).
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CONGRÈS. s. m. L’épreuve de la puissance ou impuissance des gens mariés, autrefois ordonnée par la Justice & qui se faisoit en présence des Chirurgiens & de matrones, dans les occasions où il s’agissoit de la nullité d’un Mariage pour cause d’impuissance. Congressus. Le Droit Civil, ni le Droit Canonique ne font aucune mention de la preuve d’impuissance par le congrès : cet usage doit son origine à la témérité d’un jeune homme, qui demanda le congrès. Le Juge surpris de la nouveauté de cette demande, ne crut pas qu’elle pût être refusée, regardant cette épreuve comme un moyen infaillible de découvrir la vérité. Depuis il devint une jurisprudence certaine dans les Officialités, & les arrêts l’ont autorisée. Mais outre que cette expérience offense la pudeur, & qu’elle est contraire à la pureté de nos mœurs, on a reconnu que cette prétendue certitude que l’on pouvoit en tirer, & qui seule l’avoit fait accepter, étoit une illusion ; & que dans la plûpart de ceux qu’on y assujétissoit, la honte de l’accusation, la crainte d’un événement incertain, la pudeur & le trouble causé par la présence des experts, produisoient le même effet que l’impuissance naturelle. L’effronterie seule pouvoir soûtenir les honteuses formalités du congrès. Une femme ne doit jamais venir à la fâcheuse extrémité de publier des malheurs domestiques, que la pudeur lui ordonne de tenir secrets, ni faire éclater son infortune. C. B. Boileau dit en parlant des animaux,

Que jamais Juge entr’eux, ordonnant le congrès,
De ce burlesque mot n’a sali ses arrêts.

On a enfin abrogé l’usage du congrès par un sage arrêt du Parlement du 18 Février 1677, inséré dans le Journal du Palais, il fait aujourd’hui Loi dans tout le Royaume. On tient qu’il n’avoit été pratiqué en France que depuis 110 ans. Voyez Hotman, Tagerau, & le Dictionaire Critique de M. Bayle à l’art. de Quellenec.

Congrès se dit aussi d’une assemblée de plusieurs Ministres des différentes Puissances qui se sont rendus dans le même endroit pour traiter, discuter, concilier les intérêts de leurs Cours respectives, conclure un traité, la paix. Le Congrès de la Haye, d’Utrecht, de Cambrai, de Soissons. &c. Ce mot vient du Latin congressio, congressus, assemblée, conférence.