Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONFIDENCE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 791).
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CONFIDENCE. s. f. Communication de pensées & de société entre personnes amies ; part qu’on donne ou qu’on reçoit d’un secret. Summa cum aliquo rerum omnium communicatio, summa animorum conjunctio. Rien ne flatte plus notre orgueil que la confidence des Grands, parce que nous la regardons comme un effet de notre mérite. Rochef. Bien des gens ne sont des confidens que par impuissance de garder le secret. Id. Les crimes ne doivent jamais être la matière d’une confidence. Nicol. Les amitiés les mieux établies, & les confidences les plus étroites, se relâchent insensiblement. S. Evr. La foiblesse & la démangeaison de parler, font plus de confidences que l’amitié, S. Evr. Le Ministre ne vous a fait une confidence si privilégiée, que par vanité, & par impatience de conter sa bonne fortune. M. Esp. Il y a mille petites confidences fort cheres aux personnes qui s’aiment, & fort peu importantes aux indifférents. S. Evr.

☞ Faire une fausse confidence à quelqu’un, c’est lui dire en secret quelque chose de faux, ordinairement dans le dessein de le tromper.

Confidence, en termes de Jurisprudence Canonique, est une paction illicite ☞ qui a lieu lorsque le titulaire d’un Bénéfice ne l’acquiert qu’à condition de le résigner à un autre dans un certain temps, ou lorsqu’il conserve le titre pour lui, mais à la charge d’en donner les fruits, ou partie des fruits au résignant, ou à une autre personne. Confidentia. C’est le mot dont se servent les Canonistes. La Confidence fait vaquer le Bénéfice, & est comparée à la simonie. Le premier exemple que l’on trouve de confidence en matière de Bénéfice, est de l’an 928, où le Moine Tryphon consentit contre les règles, de n’être ordonné que pour un temps Patriarche de Constantinople, & de remettre cette dignité à Théophilacte, fils de l’Empereur Romain le Jeune, quand il seroit en âge de la posséder.

Il y a deux espèces de confidence ; l’une qui est un vrai fidei-commis, quand le Collateur confère, ou que le Résignant résigne à condition de rendre le Bénéfice à un autre. La seconde, quand l’un porte le titre du Bénéfice, & que l’autre jouit des fruits. Il y a des Bulles des Papes qui excommunient les confidentiaires, & qui les privent de leurs Bénéfices. L’Edit de Louis XIII, de l’année 1610, art. 1, porte que si quelqu’un est convaincu de simonie, ou de tenir des Bénéfices en confidence, il sera pourvu auxdits Bénéfices comme vacans. On pourroit encore ajouter une 3e espèce de confidence, qui est plus cachée ; lorsque des personnes de qualité, qui ne peuvent pas jouir des Bénéfices, les font donner à des Ecclésiastiques qui leur payent de grosses pensions.