Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONCURRENCE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 778).

CONCURRENCE. s. f. Prétention réciproque de deux ou de plusieurs personnes à une même charge, dignité ou autre avantage. Æmulatio ; certamen competitorum, rivalium. La concurrence est souvent cause de l’exclusion de l’un & de l’autre des prétendans. Entrer en concurrence, être en concurrence.

Ne sont-ce pas ces fatales concurrences, qui entretiennent entre les familles des défiances, des haines, des animosités éternelles ? Concurrences non-seulement entre maisons & maisons, mais entre particuliers & particuliers, non-seulement entre les grands, mais entre les petits ; non-seulement entre les séculiers, mais encore entre les réguliers. Bourd. Exhort. II, p. 372.

Concurrence se dit aussi pour signifier l’action de deux ou de plusieurs personnes qui concourent, & s’unissent ensemble pour produire un même effet. Concursus. Le Poëte doit prudemment ménager le merveilleux, afin que la concurrence d’un Dieu n’affoiblisse pas celle du Héros. P. le Boss.

Concurrence, en termes de Jurisprudence, est une égalité de droit, d’hypothèque, de privilège que diverses personnes peuvent exercer sur la même chose. Juris æqualitas. Dans les distributions des deniers on ordonne que ceux qui ont même droit seront payés par concurrence au marc la livre.

Concurrence signifie aussi certain payement jusqu’auquel on doit parvenir pour être quitte d’une dette contractée. Certa quædam ac determinata summa ultra, nam non erogetur supra. Les deniers provenans de la vente de ces meubles seront payés au propriétaire jusqu’à la concurrence des loyers qui lui sont dus, c’est-à-dire jusqu’à ce que cette somme soit remplie.

Concurrence d’Offices, en termes de Bréviaire, se dit lors qu’aux secondes Vêpres d’une fête double il se trouve un autre Office de fête de même ordre qui doit se célébrer le jour suivant. Concursus, concurrentia. Il y a diverses rubriques à observer pour bien ordonner son Office ; soit pour les translations, soit pour les commémorations, soit pour les concurrences des fêtes. Pour l’ordinaire quand deux fêtes sont également solennelles, on dit les Vêpres de la première jusqu’au chapitre, & de la seconde depuis le chapitre jusqu’à la fin, avec commémoration de la première : quand il y en a une plus solennelle que l’autre, on dit les Vêpres toutes entières de la plus solennelle, avec ou sans commémoration de la moins solennelle, suivant le degré de solennité de ces fêtes comparées entr’elles. Voyez les Rubriques du Breviaire, Gavantus, &c.