Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COMMODITÉ

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 727-728).

☞ COMMODITÉ. s. f. Ce terme a plusieurs acceptions ; il signifie quelquefois la facilité qu’on a de faire une chose sans se gêner, sans peine, sans fatigue ; & le temps propre, l’occasion favorable. Commodum. Vous ferez cela à votre commodité, il faut prendre la commodité des gens.

☞ Quelquefois il signifie une chose commode, une situation, un moyen commode. Un carrosse est d’une grande commodité. Les dégagemens font toute la commodité d’une maison. Les commodités de la vie coûtent fort cher.

☞ Ce mot au pluriel est presque synonyme à aise, & désigne un état dans lequel on ne manque de rien, selon sa condition, où l’on joint des avantages qui servent à rendre la vie plus commode, plus douce & plus aisée. Bona, fortunæ commoda. Les raisons de fortune & de commodités temporelles ne doivent point entrer dans le choix d’une religion ; les hommes ne sont assemblés en société que pour les commodités nécessaires à l’infirmité humaine, & pour s’en assurer la possession par les forces réunies de la République. S. Evr. Pyrrhon, qui doutoit de tout, ne laissoit pas de jouir des commodités de la vie comme vraisemblables. Mont.

☞ On dit proverbialement : on n’a pas toutes ses commodités en ce monde.

Commodité se dit aussi des occasions favorables qui se présentent. Occasio, opportunitas. Il faut se servir de la commodité de ce courrier, pour envoyer cette expédition à Rome. Il faut prendre la commodité d’un bateau qui va partir. Pour aller de Paris à Lyon, on trouve toujours des commodités, des voitures à choisir.

Commodité est aussi le voisinage des lieux, la bienséance. Loci proximitas, opportunitas, commoditas. J’ai bâti dans cette vallée, à cause de la commodité des eaux. J’ai acquis cette maison, qui étoit à ma bienséance, parce qu’il faut acheter sa commodité.

Commodité, terme de négoce. Les Compagnies où Sociétés de Banque & des marchandises, sont de deux sortes ; sçavoir, la Compagnie libre, & celle de commodité. La Compagnie libre oblige non-seulement ceux qui en portent le nom, mais aussi les Associés, tant pour le fonds ou capital qu’ils y ont mis, que pour le plus qu’il pourroit y avoir de perte ; tout de même que si tous étoient nommés & solidairement obligés. La commodité ou Compagnie conditionnée oblige tous les Associés pour le fonds & capital, & non davantage. Partant, s’il arrive qu’ils perdent plus grande somme que leur fonds, il n’y a que ceux qui portent le nom de la Société qui soient obligés pour le surplus. M. Le Prestre, Cent. 2. c. m. 77 & 82. de l’Ed. de 1695.