Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COMMETTRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 721-722).
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COMMETTRE, v. a. ☞ qui a plusieurs acceptions. Il est synonyme à faire : mais alors il ne le prend qu’en mauvaise part, & ne se dit que de ce qui est péché, crime ou faute. Commettre un crime, une faute, une mauvaise action. Faire est plus général, & se dit des actions bonnes & mauvaises. On ne peut pas dire commettre une bonne action. Facinus, scelus, flagitium committere, admittere ; scelere obstringere. Il a commis une méchante action, un crime, une faute légère, une irrévérence dans l’Eglise. C’est commettre une incivilité que, &c. commettre un assassinat.

Commettre signifie aussi, confier quelque chose à la prudence, à la fidélité de quelqu’un. Aliquid prudentiæ, fidei alicujus committere, credere, concredere. Cet homme est habile, on peut commettre à ses soins les choses les plus importantes. Il a commis la conduite de son fils aux soins, à la vigilance de ce Gouverneur. On lui a commis le soin de cette affaire.

Commettre signifie aussi, employer à quelque recouvrement, préposer pour quelque affaire. Rem aliquam alicui committere, mandare, demandare, præponere aliquem alicui rei. Ce Financier a commis plusieurs personnes en plusieurs Bureaux pour la recette des droits du Roi. Il a été commis pour avoir soin, &c.

Commettre signifie encore, donner pouvoir d’exercer une charge de Judicature, ou autre charge, en la place d’un Titulaire. Vicarias alicujus partes alteri tradere. On a interdit un tel Bailli & on a commis un tel pour l’exercice de sa charge. S’il néglige de se faire recevoir, on commettra à sa place. Un Intendant a pouvoir de commettre & de subdéléguer. Commettre quelqu’un à une charge, à un emploi. On ne le dit que des personnes.

Commettre se dit aussi au Palais, du pouvoir qui est donné par les Juges à des Officiers particuliers de leurs Corps, ou à des étrangers, de faire le rapport ou l’instruction d’une affaire. Curam, negotium mandare, demandare. Le Pape commet des Prélats du Royaume pour juger des appellations qui lui sont dévolues, pour faire la fulmination de ses Bulles. Les Présidens commettent des Conseillers pour faire des informations, des instructions à la barre des adjudications, pour voir des procès, les examiner, & en faire le rapport. Ils commettent des Juges de la Province pour faire des visites, des descentes, des arpentages, pour avoir des éclaircissemens sur les affaires. C’est M. le Chancelier qui commet les Rapporteurs au Conseil.

Commettre, en ce dernier sens, se dit aussi quelquefois absolument. C’est aujourd’hui que M. le Chancelier commet, pour dire, c’est aujourd’hui que M. le Chancelier nomme ceux qui doivent rapporter les instances devant lui.

On dit aussi commettre quelqu’un ; pour dire, l’exposer à recevoir quelque mortification, quelque revers. Aliquem periculo alicui exponere. Sur tout je vous prie de ne me point commettre ☞ Se commettre. S’exposer à recevoir quelque mortification, à tomber dans le mépris. Un Ambassadeur, un homme chargé d’une procuration se commet quand il excède ses pouvoirs. C’est se commettre que de se mesurer avec des gens de la lie du peuple.

On dit encore, commettre deux personnes l’une avec l’autre ; pour dire, les mettre mal ensemble, ou les exposer à se brouiller. Committere duos homines inter se. Il a fort imprudemment commis le pere avec le fils. C’est un indiscret qui commet tous les jours ses meilleurs amis les uns avec les autres. Se commettre avec quelqu’un, se mettre au hazard d’avoir une affaire, un démêlé, de se brouiller avec lui.

On dit aussi commettre le nom & l’autorité de quelqu’un ; pour dire, les employer en des choses de peu de conséquence, ou les exposer mal-à-propos au mépris de ceux auprès desquels on les emploie. Alicujus Auctoritatem temerè exponere.

Dans un sens à-peu-près semblable, on dit, commettre les armes au Prince, commettre la fortune de l’Etat ; pour dire, les exposer mal-à-propos au hazard.

Commettre son fief, terme de Jurisprudence féodale. Encourir la confiscation de son fief. Pour l’explication, voyez Commise.

Commettre, term de Cordier. Réunir plusieurs fils par le tortillement, pour faire des ficelles, des torons, des aussières, des cordons, des grelins. On dit commettre une corde ; une corde bien commise, &c. L’ouvrier qui commet, qui réunit ces fils, s’appelle commetteur.

COMMIS, ISE. part. & adj. Commissus, admissus. Crime commis. Juge commis. Affaire commise. On le dit aussi en terme de Corderie. Corde commise. Voyez Commettre.

On dit aussi, qu’une personne ou une communauté ont leurs causes commises, quand elle ont droit ou privilège de plaider en certaine juridiction. Ainsi ceux qui ont un droit de committimus, ont leurs causes commises aux requêtes du Palais, de l’Hôtel, &c. L’Université a ses causes commises au Châtelet de Paris. Les Religieux de Cluni & de S. Maur, & presque toutes les Congrégations les ont commises au Grand Conseil.

Commis (droit de), terme de Coutumes, de Palais, &c. C’est un espèce de confiscation de quelque bien, pour félonie, fraude, trahison, ou autre cause semblable. Voyez Commise.