Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COMMERE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 721).
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COMMERE, s. f. Celle qui a tenu avec quelqu’un un enfant sur les fonts de Baptême. Quæ puerum de sacro fonte suscepit ; Matrina. Celui qui a été le parrain d’un enfant, est le compere de celle qui en est la marraine, & réciproquement la marraine est la commere de celui qui en a été le parrain. Le pere & la mere de l’enfant sont comperes & commeres de ceux qui ont été parrains ou marraines de leurs enfans. Il y a alliance spirituelle entre le pere de l’enfant & la commere qui a servi de marraine ; ils ne se peuvent marier sans dispense. Le Pape Etienne appelle souvent dans ses lettres le Roi Philippe son compere & la Reine Bertrade sa commere, & les deux Princes leurs fils ses enfans spirituels ; ce qui fait croire qu’il fut leur parrain, & montre que ces noms consacrés par la Religion étoient alors des titres d’honneur ou du moins qu’ils n’étoient point du style bas & familier, comme aujourd’hui.

Commere. Ce mot, aussi-bien que celui de compere, se dit dans les apologues, des animaux entre lesquels on suppose de l’union & de l’amitié.

L’onde étoit transparente ;
Ma commere la carpe y faisoit mille tours
Avec le brochet son compere. La Font.

Commere se dit aussi d’une femme de basse condition qui fait l’entendue, qui parle de tout à tort & à travers, & qui veut savoir toutes les nouvelles du quartier. Mulier jactuosa, jactabunda, ostentarix, alicujus inter suos suasque nominis. Connoissez-vous cette femme ? c’est une commere, une vraie commere. On dit aussi, d’une femme, c’est une bonne commere ; pour dire, qu’elle est hardie & rusée, qu’elle va à ses fins sans se mettre en peine de rien.

On dit proverbialement, tout va par compere & par commere ; pour dire, que c’est la faveur & la recommandation qui font tout.