Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COLORER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 698).
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COLORER, v. a. donner de la couleur. Colorare. Le soleil commençoit à colorer le sommet des montagnes. Le rôt commence à se colorer. Les Taverniers savent bien colorer leur vin. La chaleur du Soleil colore les fruits.

Colorer, terme de Marqueterie & de Menuiserie de placage. C’est donner de la couleur aux pierres & aux bois qu’on emploie dans ces sortes d’ouvrages, suivant les teintes dont l’Ouvrier a besoin, ou pour ses clairs, ou pour ses ombres.

Colorer se dit au figuré pour, donner une belle apparence à quelque chose de mauvais. Colorare. Il n’y a point de si méchante action, qu’un flatteur, qu’un Sophiste, ne sache colorer. Je ne sai pas ce que l’on peut dire pour colorer tant de violences. Pat. Si vous me trahissez, ne vous attendez pas que je sois assez bonne pour me payer des excuses dont on colore d’ordinaire ces sortes de légéretés. Vill. Valentinien I n’autorisa la polygamie par un Edit, que pour colorer son double mariage. S. Evr. Si l’on considère toutes les Comédies, l’on n’y trouvera autre chose que des passions vicieuses, embellies, & colorées d’un certain fard qui les rend agréables. Nicol. Vous nous payez ici d’excuses colorées. Mol.

Pour colorer mieux le mensonge, on marquoit le lieu, le temps, & toutes les circonstances de la bataille. Bouh. Xav. L. IV.

Colorer, v. n. terme de Jardinage. Prendre du coloris, & mieux de colorer. La Blancheur d’Andilly colore fort vif au Soleil. La Quint.

☞ COLORÉ, ÉE. part. Voyez le verbe. Il est aussi adj.

☞ En Jurisprudence, on appelle titre coloré, ou titre apparent, un titre qui paroissoit valable, & qui par l’événement ne l’est pas. Il faut avoir un titre coloré pour se mettre en possession d’un Bénéfice : autrement il y a intrusion.

On appelle du vin qui est plus rouge que paillet, du vin coloré. On dit aussi d’un homme qui est rouge de visage, qu’il a le teint coloré.