Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COHUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 672).
◄  COHUAGE
COHYNE  ►

☞ COHUE, s. f. vieux mot qui paroît avoir signifié primordialement, assemblée. Depuis il s’est dit des assemblées tumultueuses, ou il se faisoit beaucoup de bruit. De-là vient que ce mot se trouve affecté aux halles, aux marchés, aux foires.

☞ On s’en est servi pour signifier l’assemblée des Officiers de Justice, qui se faisoit en certain lieu pour juger les procès ; comme on voit dans les Ordonnances de l’Echiquier de Normandie de l’an 1383. Tribunalia in quibus judicia exercentur. On s’en est servi depuis pour signifier le lieu destiné à tenir la Justice dans des villages par des Juges pédannés : il est ainsi appelé a coeunte multitudine, selon Chopin. Du Cange croit qu’il vaut mieux le dériver du latin chaos. Il vient plutôt de coui, qui est un vieux mot celtique, ou bas-breton, signifiant la même chose. Ménage témoigne que coua a été dit autrefois pour halle. Or c’est dans les halles que se tiennent la plûpart des petites Justices. On appelle encore la halle, & cohue de Quintin en Bretagne, le lieu où se font les publications de Justice. Il y en a encore plusieurs semblables en Poitou. ☞ C’est dans ce sens qu’on dit aller à la cohue. Le Procureur que je cherchois étoit à la cohue.

Cohue, se dit figurément des assemblées tumultueuses, où il n’y a point d’ordre, où tout le monde parle à la fois. Hominum inter se vociferantium tumultus. Il signifie de plus, criallerie, cris de plusieurs personnes à la fois. On tenoit autrefois de belles conférences chez un tel ; mais il est venu tant d’impertinens, que cela est dégénéré en cohue. Vous trouverez là une cohue souvent fort confuse ; mais assez réjouissante. La cohue vaut mieux pour un peu de tems, & le sérieux pour un commerce qui doit avoir de la suite.