Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COBALE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 655-656).
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COBALE. s. m. Cobalus. Le Scholiaste d’Aristophane sur le Plutus, v. 279, dit que les Cobales étoient des génies malins & trompeurs, de la suite de Bacchus. Ce mot est grec, & signifioit chez les Grecs à peu près ce que signifie chez nous un Escamoteur, un filou, un Bohémien. Κόϐαλος (Kobalos), dit le même Scholiaste, sur le v. 1047 de la Comédie des grenouilles, est la même chose que πανοῦριος (panourios), c’est-à-dire, un rusé, & sur le v. 270 de la Comédie intitulée Les Cavaliers, il dit, qu’il signifie trompeur, filou : Hésychius l’interprète encore un jaseur, un causeur, un hableur ; & d’autres, selon lui, l’expliquent par ματαίος (mataios), un diseur de fadaises, ou de bagatelles ; & d’autres, un débauché, un rieur, un railleur, un bouffon. On les appeloit aussi, selon le Scholiaste cité, Κορυνοφόρος (Korunophoros), Corynephore ; c’est-à-dire, qui porte une massue, un Garde. Les Cobales étoient donc des gens de la suite de Bacchus, & comme ses Gardes : mais qui étoient en même temps ses bouffons, qui par leurs bons mots, leur babil, leurs tours de passe-passe, leurs ruses, escamotoient tout ce qu’ils pouvoient, & filoutoient les gens. On prétend que ce sont ces esprits folets que l’on dit que l’on voit encore quelquefois, dont il y a, dit-on, grand nombre en Sarmatie, que les Sarmates appelles Drulles ; les Russiens Kolikes, & les Allemans Cobaldes, qui ont grand soin des maîtres, auxquels ils s’attachent, de leurs maisons, de leurs chevaux, &c. dérobant tout ce qu’ils peuvent chez les voisins, & le leur apportant.

Ce mot Cobale, Κόϐαλος (Kobalos), selon Suidas, vient de κοπις (kopis) ; une épée, une hache ; & par conséquent il sera dit pour κόπειλος (kopeilos), mais on ne voit pas ce que la signification de κοπις (kopis), se rapporte assez à celle de Cobale. D’autres le tirent de הבל, hhebel, qui en hébreu, en chaldéen, en syriaque, en arabe, signifie une corde, un lacet, & métaphoriquement une tromperie, une ruse, par où on est pris comme dans un lacet. Il a ce sens figuré au Ps. CXVIII, 61. Outre les Auteurs cités, Natalis Comès parle des Cobales dans sa Mythologie, L. V, C. 12.