Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CLYSTÈRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 652).
◄  CLYSSE
CLYSSUS  ►

CLYSTÈRE, s. m. terme de Médecine. Clyster. C’est un remède ou injection liquide qu’on introduit dans les intestins par le fondement pour les rafraîchir, pour lâcher le ventre, pour humecter & amollir les matières, pour dissiper les vents, aider à l’accouchement, &c. On fait des clystères d’eau, de son, de lait, & particulièrement de décoction de certaines herbes. On y mêle du miel, du sucre rouge, quelquefois du catholicon & autres drogues. Il y a des clystères émolliens, carminatifs & lénitifs, astringens, laxatifs, anodins, benins, nourrissans, utérins. Les utérins sont des injections qui se font dans la matrice. Les clystères nourrissans, sont des clystères par le moyen desquels on prétend qu’on nourrit les personnes qui ne sauroient prendre d’alimens par la bouche. Hildanus rapporte dans ses Observations que M. Auberi, Médecin, nourrit pendant six semaines une Dame de qualité, en lui faisant donner deux fois le jour un clystère composé d’un bouillon de chair d’un chapon, de poule, ou de quelque autre volaille, dans lequel on faisoit dissoudre des jaunes d’œufs. Il est cependant bien difficile de comprendre que les clystères puissent nourrir. 1o Parce que les alimens pris de cette sorte ne reçoivent point les préparations nécessaires pour la nutrition. 2o Ils ne passent point dans les voies par où doivent passer les alimens, pour être portés dans toutes les parties du corps.

Hérodote dit que les Egyptiens ont été les inventeurs de ce remède, ou les premiers qui l’ont mis en usage. Galien & Pline, L. VIII, c. 27, disent qu’ils l’avoient appris d’un oiseau de leur pays, nommé Ibis, qu’ils remarquoient se faire de pareilles injections avec son bec, & se décharger ensuite souvent. D’autres disent que les hommes l’ont appris de la cicogne.

Ce mot vient du Grec κλύζω, lavo, abluo.

Clystère, lavement, remède, termes de Médecine & de Pharmacie, absolument Synonymes. L’ancien mot Clystère ne se dit plus que dans le burlesque. Lavement est le terme des Médecins. Remède est à la mode dans le discours ordinaire. Le terme est équivoque, dit M. le Ch. de Jaucourt ; mais c’est par cette raison qu’il est honnête.