Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CLEPSYDRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 634).
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CLEPSYDRE. s. f. Horloge qui mesure le temps par la chûte d’une certaine quantité d’eau. Clepsydra. Il s’en est fait aussi avec du mercure. Les Egyptiens mesuroient ainsi le cours du Soleil. Tycho-Brahé de nos jours s’en est servi pour observer le mouvement des astres, & Dudley faisoit aussi par ce moyen toutes ses observations maritimes. L’usage des clepsydres est fort ancien. Elles furent inventées sous les Ptolomées, Rois d’Egypte, aussi-bien que les cadrans solaires. Elles servoient principalement en hiver, comme les cadrans en été, mais elles avoient deux défauts, l’un que l’eau s’écouloit avec plus ou moins de facilité, selon que l’air étoit plus ou moins épais ; & l’autre, qu’au commencement elle s’écouloit plus promptement qu’à la fin. M. Amontons a inventé une clepsydre qui n’a point ces inconvéniens, & qui a trois utilités principales, 1o, de faire l’effet ordinaire des horloges, 2o, de servir à la navigation par la connoissance qu’elle peut donner des longitudes, 3o, de mesurer exactement le mouvement des artères. Voyez ses expériences Physiques sur cela, imprimées en 1695.

Pline, L. VII, c. 60, attribue à Scipion Nasica l’invention des Clepsydres, c’est-à-dire, des clepsydres Romaines ; car Vitruve, au Liv. IX, ch. 9 de son Architecture, les fait remonter à Cresibius qui fut un des génies les plus inventifs de toute l’Antiquité. Or les clepsydres de Cresibius, au rapport du même Auteur, animoient de petites figures, & produisoient mille petits jeux par le moyen de certaines roues dentées.

Les clepsydres des Anciens étoient fort éloignées de la perfection où le P. Charles de Vailly, Religieux Bénédictin, de la Congrégation de S. Maur, les a portées dans le dernier siècle.

On trouve dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, 1699, p. 51, une manière géométrique & générale de faire des clepsydres avec toutes sortes de vases donnés, percés où l’on voudra, d’une petite ouverture quelconque, par où l’eau s’écoule suivant quelqu’hypothèse de vîtesses que ce soit, & réciproquement de trouver ces vases pour toutes sortes d’hypothèses de telles vîtesses & des temps, suivant lesquels se doivent régler les abaissemens de la surface de l’eau qui s’écoule. Cette méthode est de M. Varignon.

Ce mot vient de κλέπτω, abscondo, & ὕδωρ, aqua.

On appelle aussi clepsydre, un vaisseau de terre, dans lequel il se fait un jet d’eau par un artifice semblable à celui de la fameuse fontaine inventée par Hiéron. On en voit la figure dans le Journal des Sçavans. Elle est de l’invention du sieur Comiers.

On appelle aussi clepsydre, une horloge de sable, qui sur la mer s’appelle le poudrier, clepsammidium.