Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CIMMÉRIEN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 594).

CIMMÉRIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de peuple. Cimmerius, a. On trouve trois peuples différens qui ont porté ce nom. L’un étoit Scythe, & habitoit le long du Pont, proche le détroit de Caffa, qui s’appeloit de leur nom, le Bosphore Cimmérien. C’est une Colonie de ces Cimmériens qui pénétra dans le Jutland, où ils furent appelés Cimbres. D’autres Cimmériens étoient entre la Colchide & l’Ibérie, occupant la partie de la Géorgie, qui se nomme Havessen. Il y a encore eu des Cimmériens en Italie, proche du lac Averne & de Bayes. Ils vivoient dans des lieux souterrains, d’où ils ne sortoient que la nuit pour voler. C’est de ceux-là qu’Homere a parlé dans l’Odyssée.

Ce nom, selon Bochart, Chan. L. I, ch. 33, vient de כמר camar, ou cimmer, qui signifie nigescere, être noir, être obscur. C’est-là ce qui a donné occasion aux fables que l’on a faites sur ces peuples, aux ténèbres Cimmériennes, c’est-à-dire, aux ténèbres dans lesquelles ces peuples vivoient, & qui passèrent en proverbe pour signifier des ténèbres très-épaisses. D’autres disent que ce proverbe venoit de ce que les Cimmériens du Pont habitoient un pays toujours couvert de brouillards & de vapeurs ; d’autres, de ce que ceux d’Italie demeuroient dans des cavernes souterraines. On disoit aussi que l’entrée de l’enfer étoit dans leur pays.