Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CILICE
☞ CILICE. s. m. Espèce de vêtement fait d’un tissu d’une matière rude, de poil de chèvre ou de bouc. On croit que ce nom lui a été donné, parce que les anciens habitans de la Cilicie en faisoient usage. C’étoit aussi l’habit des anciens Moines, & des Hébreux dans les calamités publiques. Cilicium. Aujourd’hui on entend par cilice, une petite camisole faite d’un poil rude & piquant qu’on porte sur la peau par mortification. Porter la haire & le cilice. On le vit quelquefois, lorsqu’il devoit aller en compagne, se revêtir d’un cilice, comme pour s’armer contre l’ennemi dans ces occasions si dangereuses. P. Verj.
D’où vous vient cet air sombre, & ce cilice affreux,
Et cette cendre enfin qui couvre vos cheveux ?
Dans le Chevœana on demande si le cilice est la même chose que le sac, que les Juifs avoient coutume de porter dans les temps de pénitence & d’affliction ? Ceux qui croient qu’ils étoient différens, disent que le cilice étoit de poil de chameau, de bouc ou de chèvre, & que le sac étoit de chanvre, de peau, ou de quelque grosse étoffe.
Cilice, terme de guerre. Les Anciens avoient inventé les cilices, pour s’opposer à l’effet des balistes, & en rompre les coups. Ces cilices étoient des espèces de matelas, ou pour mieux dire, des tissus de crin de cheval & de poil de chèvre, piqués & remplis de bourre ou d’herbes matines entre deux étoffes. Les assiégés suspendoient ces cilices devant les parapets ou sur les brèches, pour rompre la violence des traits ou flèches lancées par les balistes. Le Chevalier Folard.