Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CID

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 586).
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CID. s. m. C’est le nom que donnèrent à Dom Rodrique Dias de Bivar cinq Rois Maures qu’il vainquit. Ce Dom Rodrigue est ce guerrier fameux du onzième siécle, plus connu en France sous le nom de Cid, depuis la Tragédie de Corneille, dont il est le sujet, que par ses victoire, & la part qu’il eut à celles d’Alphonse III.

Cid est un nom arabe, qui signifie Chef, Commandant, Général, Gouverneur, petit Roi. Il vient de קאד, qui signifie gouverner, administrer, commander. De là se dit קאיד, Ceid, d’où s’est formé Cid.

Cid. s. m. Tragédie de Pierre Corneille. Jamais pièce de théâtre n’eut un si grand succès. M. Pelisson, dans son Histoire de l’Académie, dit qu’en plusieurs Provinces de France il étoit passé en proverbe de dire, cela est beau comme le Cid. Si ce Proverbe a péri, il faut s’en prendre aux Auteurs qui ne le goûtoient point, & à la Cour, ou ç’eut été très-mal parler que de s’en servir sous le ministère du Cardinal de Richelieu. Vie de M. Corneille l’aîné, par M. de Fontenelle son neveu. Au sentiment de M. de Voltaire, qui se connoît si bien en pièces de Théatre, & qui en a fait lui-même de si applaudies, ce n’est ni aux Auteurs, ni au Cardinal de Richelieu qu’il faut s’en prendre, mais à Cinna & à d’autres Tragédies de Corneille, plus belles que le Cid.