Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHRYSOCOLLE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 579).

CHRYSOCOLLE. s. f. Est une pierre précieuse que Pline, l. 37, c. 10, nomme d’un autre nom, Amphitane. Elle est de couleur d’or, de figure carrée. Il dit qu’elle a la vertu de l’aimant, même celle d’attirer de l’or, & qu’elle se trouve aux Indes. On tient cela fabuleux. Il y a apparence qu’il veut parler de la chrysolithe ou topase.

Chrysocolle est aussi une colle, liaison ou soudure de l’or & autres métaux. Chrysocolla. La naturelle est une certaine rouille d’airain épaissie, qui coule dans les mines, principalement de cuivre, & quelquefois dans celles d’or, d’argent, & même de plomb, quand il passe un peu d’eau dans leurs veines, laquelle s’épaissit, & fait comme une pierre-ponce. La meilleure est celle qui est verte comme une émeraude, ou un porreau : c’est celle qui vient du cuivre. Celle des autres métaux est plus lavée. Plusieurs la mettent au rang des espèces de nitre. Les Médecins s’en servent dans la cure des plaies. On en fait d’artificielle avec un peu de naturelle détrempée & du pastel ou guède. On fait aussi une soudure d’or & d’argent avec de la rouille de cuivre & de l’urine d’un jeune garçon, ou avec un peu de nitre. On l’appelle autrement borax.

Ce nom de chrysocolle vient de ce qu’elle sert à souder l’or χρυσός, or, κόλλα (kolla), colle. Les Grecs ont transporté le nom de la factice à la naturelle, à cause de la ressemblance de la couleur. Voyez Galien, Pline, Fallope, Agricola, Cæsius.