Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHIRURGIE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 547-548).
CHIRURGIEN  ►

☞ CHIRURGIE, s. f. Il n’y a que la populace qui dise CHIRUGIE. Science qui apprend à connoître & à guérir les maladies extérieures du corps humain, & qui traite de toutes celles qui ont besoin, pour leur guérison, de l’opération de la main & de l’application des topiques. C’est une partie de la médecine. Chirurgia. Pour l’étimologie, voyez Chirurgien.

La Chirurgie se divise en Chirurgie spéculative, & en chirurgie pratique ; celle-ci fait effectivement, ce que celle-là apprend à faire. Toutes les opérations de Chirurgie se réduisent sous quatre espèces, dont la première rejoint ce qui a été séparé, & se nomme synthèse ; la seconde divise les parties dont l’union est contraire à la santé, & celle-là s’appelle le diérèse ; la troisième, qu’on a comprise par le mot d’exérese ; & la quatrième, qu’on appelle prothèse, ajoute ce qui manque. Dionis.

Les Règlemens de Police ordonnent qu’aucunes personnes, de quelque qualité & condition qu’elles soient, ne pourront exercer la Chirurgie dans la ville & fauxbourgs de Paris, soit en boutique, en chambre, ou autres lieux particuliers, privilégiés, ou prétendus privilégiés, pour quelque cause ou occasion que ce soit, s’ils ne sont membres de la communauté des Maîtres Chirurgiens de Paris, & reçus ou agrégés en icelle ; qu’ils feront deux années d’apprentissage, & serviront les Maîtres pendant six autres années ; que ceux qui desireront parvenir à la Maîtrise n’y seront admis qu’après avoir fait le grand chef-d’œuvre, qui sera composé d’un acte pour l’immatricule, d’une tentative, d’un premier examen, de quatre autres examens : le premier d’Ostéologie, le second d’Anatomie, le troisième des saignées, & la quatrième des Médicamens ; & enfin d’un dernier examen, & de la prestation de serment. Comme les effets de la Chirurgie sont plus évidens que ceux de la Médecine, qui sont plus incertains, on la cultiva beaucoup plutôt, & Esculape lui-même excella dans cet art. Le Cl. Le propre de la Chirurgie est de couper, cautériser, trépaner, réduire les fractures & luxations, &c. Jean Scultet a fait un beau livre où il a décrit tous les instrumens de Chirurgie, intitulé Armamentarium Chirurgicum, imprimé à Ulm in-fol. & à la Haye in-octavo : il a été traduit en françois, & imprimé à Lyon in-quarto. Ambroise Paré & Fabricius ab Aquapendente en ont aussi décrit. Depuis ce temps-là très-grand nombre d’Auteurs ont donné des traités de Chirurgie, & ont beaucoup perfectionné cet art, en ce qui regarde l’anatomie, & les opérations chirurgicales ; c’est-à-dire, ce qui regarde la théorie & la pratique. Voyez Thevenin, Diemerbrock, Dionis, Saint Hilaire, De Marques, Gelée, Fièrabas, Gourmélen, Lamy, Delaunay, Verduc, Besse, Tolet, &c. Les François ont écrit avec beaucoup de succès sur la Chirurgie.

On dit qu’Apis, Roi d’Egypte, fut l’inventeur de la Chirurgie. Esculape fit aussi un Traité des plaies & des ulcères. Ensuite on vit quantité de fameux Chirurgiens, comme Pythagore, Empédocles, Parménide, Démocrite, Chiron, Péon, Cléobruntus, qui guérit l’œil d’Antiochus. Voyez Agrippa, De Vanit. scient. cap. 85. Rochef. La Chirurgie fut cultivée avec plus de soin par Hippocrate, que par les Médecins qui l’avoient précédé : elle fut perfectionnée en Egypte par Philoxène, qui en composa plusieurs volumes Gorgias, Sostrates, Héron, les deux Apollonius, Ammonius d’Alexandrie ; & à Rome Tryphon le pere, Evelpistus & le savant Meges la firent fleurir chacun en leur temps. On a imprimé en 1714 à Paris, un Index funereus Chirurgorum Parisiensium, qui est une espèce d’histoire de la Chirurgie françoise.