Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHINOIS

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 544-545).
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CHINOIS, OISE. s. m. & f. Sina, Sinensis. Habitant de la Chine, naturel de la Chine. Les Chinois, dit Abulpharage, surpassent toutes les autres nations par leur nombre, par la grandeur de leur Empire, & par la vaste étendue des terres qu’ils possèdent. Ils l’emportent encore sur les autres par leur habileté dans les arts méchaniques & dans la peinture. Abulpharage n’entend parler que du coloris & du vernis de la Chine ; car pour le reste, les Chinois n’entendent rien en peinture. Selon le même Auteur, les Chinois sont un des sept premiers peuples du monde. L’histoire populaire des Chinois compte plus de quarante mille ans depuis la fondation de leur Empire ; mais suivant celle dont tous les Savans conviennent, & qui est si suivie, si bien circonstanciée, établie par une tradition si constante, qu’on ne peut en douter parmi eux, sans passer pour ridicule, & comme ils s’expriment eux-mêmes, pour des hérétiques, suivant cette histoire. Il y a beaucoup plus de quatre mille ans que la Chine avoit ses Rois. Tillemont, Hist. des Emp. T. III, p. 519, prétend que les Seres qui envoyèrent des Députés & des présens à Aurélien en 173, avec plusieurs autres Orientaux, sont les Chinois.

Selon M. d’Herbelot, les Chinois ont reçu des Indiens la plus grande partie des Sciences. Confucius fut instruit dans la Philosophie par les Docteurs Indiens. Pythagore étoit plus ancien que Confucius, si on le fait naître 605 ans avant J. C. avec le Docteur Bentley, & certainement contemporain de Confucius, si on place sa naissance à l’an 567 ou 568 avant J. C. avec Dodwelle & Stanley, puisque Confucius, suivant le P. Couplet, est né l’an 551 avant J. C. Essai sur les Hieroglyph. p. 503.

Un Savant du Nord, nommé Eccard, prétend que les Chinois sont les Argipéens d’Hérodote ; qu’ils habitoient alors les montagnes, & que depuis ils sont descendus dans la plaine. Cela est difficile à accorder avec leur histoire.

CHINOIS, OISE. adj. Qui est de la Chine, qui appartient à la Chine. Sinensis. A l’orgueil près, il faut avouer que la nation Chinoise a eu de grandes qualités ; beaucoup de douceur & de politesse dans l’usage du monde, du bon sens & de l’ordre dans leurs affaires, du zèle pour le bien public ; des idées justes pour le gouvernement ; de l’esprit, médiocre à la vérité, dans les science spéculatives, mais droit & sûr dans la morale. P. Le Comte. La langue Chinoise n’a aucune analogie avec toutes celles qui ont cours dans le monde. Elle ne contient que 330 mots tous d’une syllabe, ou qu’on prononce au moins d’une manière si serrée, qu’on n’en distingue presque jamais qu’une. Le même mot prononcé avec inflexion de voix plus forte, ou plus foible, a diverses significations. Ainsi la langue Chinoise, quand on la parle exactement, est une espèce de musique, & renferme une véritable harmonie, qui en fait l’essence & le caractère particulier. Id. Ce qui touche les caractères Chinois, n’est pas moins singulier que leur langue. Ils n’ont point d’alphabet comme nous, qui contienne les élémens & comme les principes des paroles. Au lieu d’Alphabet, ils se sont servi au commencement de leur monarchie, de hiéroglyphes. Il y en a plus de 80000. Id. Théophile Spizélius a fait un Traité de la littérature Chinoise, Théoph. Spizelii, de Re litteraria Sinensium Commentarius. André Cleyer, premier Médecin de la Compagnie des Indes à Batavia, donna en 1682 à Francfort un Essai de la Médecine Chinoise en latin, Specimen Medicinæ Sinicæ, sive Opuscula Medica ad mentem Sinensium.

Il n’y a aucune lettre Chinoise qui n’ait sa signification, lorsqu’on la joint avec d’autres ; Tsai, par exemple, qui veut dire malheur, calamité, est composé de la lettre Mien, qui signifie maison, & de la lettre Ho, qui signifie feu, parce que le plus grand des malheurs est de voir sa maison en feu. Les lettres Chinoises sont dont autant d’hiéroglyphes qui forment des images, & qui expriment des pensées.

Chaque idée a sa marque distincte de l’écriture Chinoise ce qui fait qu’elle continue aujourd’hui d’être commune à différentes nations voisines de la Chine, quoiqu’elles parlent des langues différentes comme l’étoit le caractère universel de l’écriture en peinture. Les lettres Chinoises servent à désigner les choses, & non les mots. Les caractères de la Cochinchine, de Tongking, du Japon, sont les mêmes que ceux de la Chine, & signifient les mêmes choses, sans toutefois que ces peuples, en parlant, s’expriment de la même sorte. Ces caractères sont en cela comme les chiffres d’arithmétique. Plusieurs nations s’en servent ; on leur donne différens noms, mais ils signifient par-tout la même chose. L’on compte jusqu’à quatre-vingt mille de ces caractères. Cette écriture n’est qu’un hiéroglyphe abrégé & raffiné, qui dérive de la première méthode si simple de peindre les idées humaines.

Chinoise. (la) Terme de Fleuriste. C’est un œillet tricolor rare. Son blanc est de lait, tranché de gros panaches bruns comme s’ils étoient noirs, & de couleur de rose, sa fleur est large. Morin. C’est aussi une tulipe, colombin grisâtre, rouge & chamois. Id.