Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHEVAUCHÉE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 521).

CHEVAUCHÉE. s. f. Equestris excursio ; cavalcata dans la basse latinité. Visite que sont obligés de faire certains Officiers dans l’étendue de leur ressort, & qu’ils font d’ordinaire à cheval, comme les Elus, pour faire l’assiette de la taille ; les Prévots des Maréchaux, pour nettoyer la campagne de brigands ; les Trésoriers de France, pour voir si les chemins sont en bon état ; les Maîtres des eaux & forêts, pour conserver les forêts du Roi, &c. Et les rapports qu’ils en envoient au Conseil, sont appelés les procès-verbaux de chevauchée.

Devoir chevauché, c’est être obligé de monter à cheval pour défendre son Seigneur féodal dans ses querelles particulières. Le droit de chevauchée, est un ancien droit seigneurial, qui est la même chose que celui que nous appelons arrière-ban ; droit de faire marcher ses sujets ou vassaux à la guerre. Jus clientes suos ad militiam evocandi. Guillaume Artaud, Seigneur d’Aix, prétendoit avoir le droit de chevauchée dans le village du Moustier de Montelar ; le Prieur le nioit, & s’attribuoit même la haute-justice. Amédée, Evêque de Die, qu’ils prirent pour arbitre, fixa ce droit de chevauchée à dix hommes de pié armés, qu’il chargea le Prieur d’envoyer à Guillaume Artaud, dans les occasions où il armeroit pour la conservation de ses tours contre ses ennemis, ou pour leur recouvrement. Chorier, Hist. de Daup. Tom. II, p. 148. On a rapporté cet exemple, parce qu’il montre que ce droit n’obligeroit pas les vassaux à servir à cheval leur Seigneur, comme le nom semble le signifier.