Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHASTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 477-478).

CHASTE. adj. m. & f. Prononcez 1’s. ☞ Qui sait modérer les désirs déréglés de la chair, qui sait s’abstenir des plaisirs de la chair, ou qui n’en use que suivant la loi. Dieu a pris chair humaine dans les chastes entrailles de la sainte Vierge. On peut être chaste dans le mariage. J’ai toujours été aussi chaste qu’une Demoiselle que vous savez. Voit. On a dit de Lucrèce, que son corps avoit reçu l’injure, tandis que son ame étoit demeurée chaste. Le Mait. C’est peu pour Pompée que son épouse soit demeurée chaste, si elle a seulement pu concevoir la pensée de ne l’être plus. Vill.

Isidore, L. X. Orig. dit que ce nom vient à castratione, sive reali, sive mentali.

On le dit aussi ☞ de tout ce qui est pur, éloigné de tout ce qui blesse la pudeur. Purus, pudicus. Un style chaste. On a loué Virgile de ce qu’il étoit un Poëte chaste. La langue françoise est si chaste, qu’elle rejette non-seulement toutes les expressions qui blessent la pudeur, & qui salissent tant soit peu l’imagination, mais encore celles qui peuvent être mal interprétées. Sa sévérité va jusqu’au scrupule, comme celle des personnes qui ont la conscience tendre, & auxquelles l’ombre même du mal fait horreur. Bouh. La chaste éloquence ne met point de fard sur son visage pour paroître agréable. S. Evr. On le dit encore pour marquer la pureté grammaticale, & il se joint d’ordinaire avec un autre mot qui l’explique, & qui le détermine : comme, on ne peut pas voir une diction plus chaste, ni plus correcte. Bouh.