Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHARNIÈRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 466).
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☞ CHARNIÈRE. s. f. Terme de Faiseurs d’instrumens. Endroit par lequel les parties d’un instrument sont assemblées. C’est une fente simple, ou double, qu’on fait aux extrémités supérieures des jambes d’un compas, d’une fausse équerre & autres instrumens, pour les enclaver & les assembler l’une avec l’autre par le moyen d’un clou rivé, sur lequel elles sont mobiles. Commissura, verticulus. La justesse des instrumens de Mathématique dépend d’avoir des charnières bien faites. En général on appelle charnière, deux pièces de fer, de laiton ou d’autre métal, qui s’enclavent & entrent l’une dans l’autre, & qui étant percées, se joignent ensemble avec une rivure qui les traverse ; ensorte qu’elles peuvent se mouvoir en rond, sans se séparer, tournant sur un même centre. En ce sens on le dit en parlant de tabatières & d’étuis, &c.

Charnière, est aussi un outil servant à ceux qui gravent sur des pierres dures. Cælum. Il est fait en manière de virole, & sert à enlever les pièces.

Charnière. Cardo. Terme de Conchyliologie. C’est la jonction d’un coquillage bivalve, ou plûtôt l’endroit où les deux parties de ce coquillage tiennent l’un à l’autre. Les univalves n’ont point de charnière.

On a appellé autrefois charnière, une fauconnière où le Fauconnier porte son leurre, & la chair dont il l’acharne. L’Empereur Frédéric II, en son livre de Vénerie, l’appelle Carnaria.

Il se dit aussi d’une poche de gros rézeau où les Chasseurs mettent leur gibier. Il est revenu de la chasse avec quatre bonnes pièces de gibier dans sa charnière.

En ce sens ce mot vient de chair ; & cette poche s’appelle aussi carnassière.