Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHARISTICAIRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 460).
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CHARISTICAIRE. s. m. Commendataire, Donataire. Celui à qui l’on a donné la jouissance des revenus d’un Monastère, Hôpital ou Bénéfice. Charisticarius ; Commendatarius ; bonorum sacromm, ou Ecclesiasticorum usufructuarius. Les Charisticaires étoient parmi les Grecs des espèces de donataires ou commendataires, qui jouissoient de tous les revenus des Monastères, ou des Hôpitaux, sans en rendre compte à personne. On rapporte le commencement de cet abus aux Iconoclastes, & particulièrement à Constantin Copronyme, le mortel ennemi des Moines, dont il donnoit les Monastères à des étrangers. Après l’extinction de cette hérésie, leurs biens leur furent rendus ; mais dans la suite les Empereurs & les Patriarches confièrent des Monastères & des Hôpitaux à des gens de qualité, non par manière de don, & pour en retirer aucun profit temporel, mais pour les réparer, ou les orner, & en être les protecteurs. Ensuite on alla plus loin ; l’avarice s’y mêla : on donna les Monastères & les Hôpitaux à ceux même qui étoient en bon état, & les plus riches ; Sisinnius, Patriarche de Constantinople, s’y opposa, mais en vain. Après lui le mal devint encore plus grand ; on donna toutes ces maisons grandes & petites, riches & pauvres ; celles des femmes comme celles des hommes ; & on les donna même à des Laïques & à des gens mariés ; que dis-je ? à des Gentils, & quelquefois deux à une seule personne. Jean d’Antioche, qui rapporte tout ceci dans un traité qu’il a fait contre cet abus, & que M. Coutelier a publié dans ses Ecclesiæ Græcæ Monumenta, T. I, p. 159, rapporte la formule de ces donations, par laquelle il paroît qu’on donnoit ces maisons à vie, & quelquefois pour deux personnes, c’est-à-dire, qu’on donnoit aussi quelquefois la survivance à l’héritier, ἐπὶ ὀ ξώης σου ἢ ἐπὶ δύοις προτώποις. Voyez ce discours de Jean, ch. VIII, IX, X.