Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHARDONNERET

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 453).

CHARDONNERET. s. m. Petit oiseau recommandable pour la beauté de son plumage, & celle de son chant. Le chardonneret est plus petit que le pinson : il a sur le devant de la tête & à la gorge des marques rouges ; le haut de sa tête est noir ; les tempes blanches ; les aîles noires & diversifiées de blanc : dans les grandes pennes on voit une bande jaune de part & d’autre. Le jeune chardonneret n’a point de rouge sur la tête ; mais il est d’une couleur cendrée qui tire sur le roux. Les Oiseleurs les appellent grisets ; ils les vont prendre dans les prés pendant le mois de Juillet. Le chardonneret mâle a la tête, la gorge & le dos plus noirs. Sa tête est aussi plus longue & plus plate que celle de la femelle : celle-ci a les aîles cendrées, la gorge blanche & la tête rouge. Il y a d’autres chardonnerets qui ont le tour du bec noir, & le tour des yeux, qui a coutume d’être rouge aux autres, est blanc. L’on en trouve aussi en Italie qui ont tout diversifié de couleurs différentes des autres, si l’on en croit quelques Auteurs. Enfin il y en a qui sont blanchâtres, & d’autres qui sont blancs, & ont la tête rouge.

Le chardonneret fait son nid dans les épines, & dans les arbrisseaux. Il fait trois fois l’an des petits ; savoir, aux mois de Mai, de Juin & d’Août. Ceux du mois d’Août sont les meilleurs. Ils sont sept ou huit œufs pour l’ordinaire. Ceux qui font leur nid dans les épines, ont quelques plumes orangées, & sont plus estimés que les autres, parce qu’ils sont plus forts & plus robustes, & qu’ils chantent mieux. Ils sont différens des autres en ce que leur pennage est plus gris & plus obscur. Les noirs sont communément bons. Les chardonnerets vivent jusqu’à vingt ans & plus.

Le chardonneret niais est beaucoup meilleur que les autres à tenir en cage. Il faut le mettre auprès d’une linotte, d’un serin de Canarie, ou d’une fauvette, & son chant sera composé de quelque partie des leurs : & la diversité en sera plus agréable. Il faut prendre garde qu’il n’entende point d’autre chardonneret, afin qu’il ne s’arrête point à son chant. Willoughby parle dans son Ornithologie d’un chardonneret qu’on nourrissoit dans une cage depuis 25 ans, & auquel on étoit obligé de couper tous les huit jours le bec & les ongles, afin qu’il pût manger & se soutenir.

On appelle cet oiseau chardonneret, parce qu’on le voit ordinairement sur les chardons, dont il mange les semences. Il vit environ 15 ans, & est sujet à des vertiges. Olina. Les Grecs l’appellent ἀκανθὶς, d’ἄκανθα, spina ; les Latins carduelis, de carduus. Les Italiens le nomment cardello, ou cardellino ; les Espagnols jilguerito.