Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHAR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 448).

☞ CHAR. s. m. Espèce de voiture à deux roues, dont les anciens se servoient dans les triomphes, dans les cérémonies publiques, dans les jeux, dans les combats, &c. Currus. Il étoit monté sur un char, brillant. Plutarque a observé que Camille étant entré triomphant dans Rome, monté sur un char traîné par quatre chevaux blancs, cela fut regardé comme une innovation trop superbe. Pontanus ; L. III, De Stellis, dit qu’Erichthonius fut le premier qui attela les chevaux & les joignit à un char. L’usage des chars à la guerre étoit très-commun, dès le temps de Moïse ; les Egyptiens & les Chananéens en avoient grand nombre. Cyrus est le premier qui les a armés de faux.

.....Et tel que sur son char
Victorieux dans Rome entre notre César. Corn.

Voilà donc le triomphe où j’étais amenée !
Moi-même à votre char je me suis enchaînée. Rac.

On dit poëtiquement le char du Soleil, de la Lune. On le dit de même d’un carrosse magnifique.

☞ Ce mot est ancien gaulois, & vient de carr, vieux mot celtique, dont il est fait mention dans les Commentaires de César. Carrus.

Sur les médailles un char traîné, soit par des chevaux, soit par des lions, soit par des éléphans, signifie, ou bien le triomphe, ou l’apothéose des Princes. Pour le char couvert traîné par des mules, il ne marque que leur consécration, & l’honneur qu’on leur faisoit de porter leur image aux jeux du Cirque. P. Jobert. Ce char des femmes se nommoit pilentum, carpentum ou basterna. Voyez Basterne. Le char attelé de deux, de quatre, ou de six chevaux, ne marque pas toujours la victoire, ou le triomphe. Il y a d’autres cérémonies où l’on se servoit de chars : l’on y portoit les images des Dieux dans les supplications ; l’on y mettoit les images des familles illustres aux funérailles, & de ceux dont on faisoit l’apothéose. Enfin, l’on y conduisoit les Consuls qui entroient en charge, comme nous l’apprenons par les médailles de Maxence & de Constantin. L’une & l’autre portent, Felix processus Consulis Augusti nostri. P. Jobert.

Char de Junon. Cette Déesse avoit deux chars, l’un pour traverser les airs, qui étoit tiré par des paons ; & l’autre pour combattre sur la terre, attelé de deux chevaux. Celui-ci étoit à Carthage, ville favorite de la Déesse.

Char, se dit de semblables voitures dont on orne les carrousels, dont en se sert aux courses de prix, & autres semblables fêtes.

☞ On appelle char à l’Opéra, une espèce de trône dans lequel descendent les divinités, les magiciens, les génies & autres personnages, par le moyen des cordes auxquelles cette machine est suspendue.

Char, se dit aussi d’une grande charrette à quatre roues qui porte quantité de marchandises tout à la fois. Carrus, plaustrum. Ce char porte tout d’un coup 400 de foin. Il est de peu d’usage en ce sens. On appelle en Flandre Carton, celui qui conduit un char, ou chariot. Auriga. Ce mot vient de char, qui se prononce car en ce pays-là.

Char pour Chair, étoit, il y a 250 ans, le mot d’usage. Glossaire Bourguignon. Ce mot, ainsi que beaucoup d’autres, s’est conservé parmi le menu peuple de Bourgogne & de Champagne, qui sont deux Provinces contigues. L’Auteur du Glossaire du Roman de la Rose, dit qu’il se prononce encore ainsi en quelques Provinces.

Char (le) Petite rivière de France en Saintonge, qui a sa source à Paillé, & se jette dans la Boulonne à Saint Jean d’Angeli.