Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHANTEAU

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 433-434).

CHANTEAU. s. m. ☞ Morceau coupé d’un grand pain. Frustum, panis. Il mange un gros chanteau de pain à son déjeuné.

Ce mot vient de cantellum, diminutif de cantum. Ménage. On disoit autrefois chantel.

On appelle aussi chanteau du pain bénit, ou absolument chanteau, cette partie qu’on coupe en entamant le pain benit, pour envoyer à celui qui le doit rendre au premier jour. Angulatum lustralis panis frustum, segmentum.

On appelle aussi chanteau, une grosse pièce de pâtisserie formée en long, & de même que la bordure de pain benit, qu’on fait faire pour envoyer à ses parens & à ses amis ; c’est pourquoi on l’appelle autrement cousin. Il est plus honnête d’envoyer des brioches.

☞ On appelle encore chanteau un morceau d’étoffe coupé d’une grande pièce. Ce manteau a été coupé en plein drap, il ne sera pas nécessaire d’y mettre de chanteau. Il tant un chanteau à cette robe.

Chanteau est aussi un terme de Tonnelier, qui signifie la dernière pièce du fond d’un muid, qui est faite en portion de cercle. Assis doliarii segmentum angulatum.

On dit proverbialement, qu’on a donné le chanteau à quelqu’un pour dire, que c’est à lui à faire au premier jour & à son tour ce que les autres ont fait avant lui. On dit dans le même sens qu’on lui a donné le bouquet.