Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHÂTIER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 484).
CHATIÈRE  ►

☞ CHÂTIER. v. a. C’est faire subir à quelqu’un le châtiment que mérite une faute qu’il a commise, afin de l’empêcher d’y retomber, & de le rendre meilleur. Castigare. Le mot de châtier porte toujours avec lui une idée de subordination, qui marque l’autorité ou la supériorité de celui qui châtie, sur celui qui est châtié. Il faut châtier rarement, & punir sévèrement. M. L’Abbé Girard. C’est une vérité qui paroît un peu austère, que Dieu nous aime quand il nous châtie. Flechier.

☞ On dit, en termes de Manége, châtier un cheval : c’est lui donner des coups de gaule ou d’éperon lorsqu’il résiste à ce qu’on lui demande.

Châtier son corps, se dit des pénitences que font les Saints, des mortifications dont ils affligent leur corps. Castigare, affligere corpus. Ce Saint châtioit rudement son corps trois fois le jour. Châtier son corps par les jeûnes & les veilles, les haires & les cilices.

Châtier signifie aussi corriger, polir un ouvrage, le purger de ses fautes. Corrigere, emmendare, mutare. Le style de cet Orateur est fort châtié. Euripide, le plus tragique de tous les Poëtes, est d’ailleurs peu exact, peu châtié, dans la conduite & la disposition de ses sujets. Dac. ☞ Quoique le style de Voiture ne soit pas fort châtié, parce qu’il n’a jamais revu ses ouvrages, on y trouve une naïveté & une délicatesse qui ne se rencontrent point par-tout ailleurs. Bouh.

☞ On disoit autrefois chastoier pour, châtier.

☞ On dit proverbialement, qui aime bien, bien châtie, en parlant de l’amour d’un pere envers ses enfans. On dit aussi châtier bien, & récompenser de même. L’auteur de ce mot est le Duc d’Albe, qui étoit fort exact à payer ses troupes, & fort sévère à les punir. Voyez au mot Punir, les différences de ces deux verbes.

Chatié, ée. part.