Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CERISE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 378-379).
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CERISE. s. f. Petit fruit rouge qui mûrit des premiers au printemps. Cerasum. Sous ce nom général on comprend les guignes, les bigarreaux, les cerises, les griottes les guindous, les cœurets & les merises. Les griottes du Dauphiné & de l’Italie sont la même chose que ce qu’on appelle en France cerise. La guigne est une grosse cerise noire, douce, dont le noyau est rouge. Son arbre a le bois plus gros, & sa feuille plus large & plus brune que les autres. Il y a des guignes blanches, rouges & noires, qu’on grèfe sur les merisiers qu’on trouve dans les bois. On les appelle en Toscane machines & durassines, que l’on comprend sous le nom de cerise. Il y a aussi des merises qu’on apppelle en italien corbines, qui sont plus menues, douces & fermes, & qui noircissent les lèvres. Il y a une cerise à bouquet qu’on appelle jemelle, dont quelques-unes sont hâtives & précoces. Il y a une cerise blanche, qui étant très-mûre, devient ambrée & jaunâtre. La cerise de Portugal est la plus belle & la plus grosse, & la meilleure de toutes ; & sa couleur est d’un incarnat admirable mais elle charge peu. La cerise de Montmorency est grosse & tardive, à courte queue, & la plus estimée. On la nomme en quelques endroits coulars. Les guindous sont des cerises du Languedoc, qui sont fort douces & grosses, & d’un rouge-brun, fort estimées. Le bigarreau est une espèce de cerise plus longue & plus dure, qui noircit & durcit en mûrissant. Il y a un bigarreau tardif, ou de fer, qui mûrit plus tard, & qui n’est pas si sujet aux vers que l’ordinaire. Il est d’un goût excellent, & fait un bel arbre. Le cœuret, est une espèce de bigarreau plus rendre, & fait en cœur, dont le goût est relevé. Son bois est plus gros, & sa feuille plus large. Il y a enfin une cerise bleue, qui est plus rare qu’aucune autre, qui est venue depuis peu de Flandre, & est d’un goût délicieux. Cependant dans l’usage on n’appelle cerise, Cerasum, que le fruit du cerisier. Voyez Cerisier.

Les premières cerises furent apportées par Lucullus de Cerasunte, ville de Pont, après qu’il eût vaincu Mithridate, à ce que dit Pline : d’où vient qu’elles en portent encore le nom en Latin, cerasum. Cerise hâtive, cerise précoce, cerise tardive. En Angoumois on appelle guignes ce que nous appelons cerises. Bartholin dit que pour avoir du vin de cerise fort délicat, il faut l’entonner dans des muids faits du bois de cerisier, qui lui communique sa qualité. On en fait encore en mettant 12 à 15 livres de cerises mondées de leurs queues & de leurs noyaux, dans un demi-muid de bon vin blanc, avec ces mêmes noyaux cassés. Un mois après ce fruit a communiqué au vin sa qualité rafraichissante & apéritive ; & outre sa couleur agréable, & son goût délicieux, il a des effets surprenans, sur-tout pour tempérer les reins, & pour en vider les sablons, les glaires, & les petites pierres qui s’y forment quelquefois.

Le mot allemand kerse & kirse, & le françois cerise, sont pris du celtique kiris. Pezron.

La Quintinie dit quelquefois cerise, pour cerisier, & alors il le fait tantôt masculin & féminin. Six cerises, tardifs, deux cerises hâtifs, quatre cerises hâtives, dit-il dans la même page & le même article ; mais mal. Il faut dire Cerisier, ou si l’on se sert du nom du fruit en parlant de l’arbre, il faut le dire au pluriel, & le faire toujours féminin. Par exemple : Quel arbre plantez-vous-là ? Ce sont des cerises hâtives ; & non pas, c’est un cerise hâtif. Quels arbres mettez-vous en cet endroit ? Je le destine pour des cerises hâtives, & non pas hâtifs.

Pêche-Cerise. s. f. Voyez Pêche.