Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CELLULAIRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 351-352).
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CELLULAIRE. adj. m. & f. Terme d’Anatomie, qui se dit des parties du corps animal, qui contiennent plusieurs petites cellules. Cellularius, a. um. Cellulis abundans. Un tissu cellulaire, la tunique cellulaire. Quand, pour préparer des injections, on pousse de l’eau dans les vaisseaux que l’on veut injecter, il y a ordinairement un inconvénient inévitable, qui est que dans toutes les parties où il se trouve un tissu cellulaire tant soit peu considérable, la tunique cellulaire ne manque jamais d’être engorgée d’eau, ce qui gâte les parties que l’on a dessein de conserver dans les liqueurs, ou de faire dessécher. Demours, Acad. d’Edimb. T. I, p. 127. La substance de l’os est une partie compacte ou solide, en partie cellulaire ou spongieuse, & en partie réticulaire. Winslow. La partie que j’ai nommée cellulaire ou spongieuse fait presque tout le tissu intérieur des os, qui n’ont point de grandes cavités, & généralement celui de toutes les épiphyses, & n’occupe que les extrémités des os creux. Id. Les cellules de ce tissu sont plus ou moins considérables, dans certains os que dans d’autres. Id. Les globules du poumon sont des paquets vésiculaires ou cellulaires. Id. Les deux lames de la pie-mère ne tiennent ensemble que par un tissu cellulaire. Id.

☞ C’est aussi un terme de Physique, & d’Histoire naturelle, que l’on applique à quelques parties des arbres. Ainsi, l’on dit en parlant des différentes substances que l’on distingue dans l’écorce, enveloppe cellulaire, tissu cellulaire,

☞ Quand on a enlevé l’épiderme (Voyez ce mot) on trouve immédiatement au dessous une substance qui est souvent d’un vert foncé, & qui est presque toujours succulente & herbacée. Cette substance examinée avec une loupe, a paru à M. Duhamel semblable à un morceau de feutre ou de chamois : car elle est formée d’un nombre prodigieux de filamens très-fins qui s’entrelacent en toutes sortes de directions. Un petit morceau qu’il avoit tenu longtemps en macération, examiné avec un microscope assez foible, lui parut semblable à la substance médullaire. Une plus forte lentille lui fit appercevoir çà & là de petits corpuscules de figure assez régulière, qui étoient séparés de la masse. Il examina un de ces petits corps avec une lentille qui forçoit beaucoup : il lui parut encore semblable à de petits fragmens de moelle, traversée par quantité de cloisons ou de fibres très-déliées. Voila tout ce que le microscope a fait appercevoir sur l’organisation de cette substance. Quand on fait bouillir une branche dans l’eau, cette substance se cuit, & alors, elle ressemble à une pâte ; elle s’endurcit en se refroidissant, & elle devient friable quand elle sèche.

☞ Dans les arbres où, comme dans le sureau, il est aisé de l’observer, on peut remarquer qu’elle est plus succulente dans le temps de la sève, qu’en hiver. Ainsi, quand elle est bien remplie de sève, elle est moins adhérente à l’épiderme, que quand elle est moins humectée.

☞ Elle paroît formée d’un amas du tissu cellulaire (Voyez ce mot plus bas) & M. Duhamel croit qu’on peut la regarder comme une enveloppe générale, & qu’il lui est permis de l’appeler l’enveloppe cellulaire.

☞ Il est vrai que cette substance est souvent d’une couleur très-verte & fort différente de celle du tissu cellulaire, qui assez souvent tire sur le blanc : mais comme on n’ignore pas que la couleur verte des feuilles vient du contact de la lumière, & que celles qui croissent à l’ombre sont blanches, ne peut-on pas conjecturer que cette portion du tissu cellulaire, étant la plus extérieure, a pu contracter une couleur dont le reste est privé.

☞ M. Duhamel soupçonne qu’elle est produite par une extension du tissu cellulaire qui se comprime sous l’épiderme. On peut conjecturer que cette enveloppe succulente sert à prévenir le desséchement des parties qu’elle recouvre. On peut la regarder aussi comme l’organe qui sépare la matière de la transpiration. (Voyez Transpiration) & elle peut encore servir à la réparation de l’épiderme.

Cellulaire {tissu), sous cette enveloppe on apperçoit un plexus réticulaire, ou réseau de fibres longitudinales, que l’on regarde comme des vaisseaux lymphatiques. (Voyez Plexus réticulaire.) Ensuite un tissu cellulaire, vésiculaire ou parenchimiteux ; (termes que M. Duhamel regarde comme synonymes.) & enfin des fibres, qu’il nomme vaisseaux propres. Voyez Écorce.

☞ Suivant l’idée qu’on doit se former des plexus réticulaires qui forment, pour ainsi dire, la charpente de l’écorce, il reste bien de petits espaces vides qu’il faut remplir, puisque les alvéoles qui forment les plexus par la disposition réciproque de leur réseau, sont en grand nombre. La substance qui les remplit est grenue. Grew l’a nommée le Parenchyme ; Malpighi, le tissu vêsiculaire ou utriculaire ; M. Duhamel, tissu cellulaire.

☞ Malpighy & Grew représentent ce tissu comme étant formé de petites vessies, bourses ou utricules qui, se touchant immédiatement, font des files ou des suites de vessies dont la direction est horisontale ; de sorte que ces files de vessies coupent à angles droits les fibres longitudinales, ce qui fait un entrelacement assez semblable à celui des brins de bois dont est composée une claie : & pour se former une idée assez juste du sentiment de Malpighi & de Grew, il faut, dit M. Duhamel, imaginer que les fibres longitudinales, ou les faisceaux qui forment le plexus réticulaire, sont disposés comme les brins de bois qui forment la claie ; & les files, series ou suites de vésicules sont représentées par les traverses de la claie qui croisent & unifient par leur enlacement les brins qui sont placés suivant la longueur de la claie.

☞ Suivant ces mêmes Auteurs toutes les utricules ne sont pas de même grosseur, & elles ne sont pas toutes de la même figure : ce qui fait que Grew les compare à l’écume qui se forme sur le vin doux dans le temps de la fermentation.

☞ Il semble que la chair des fruits est, pour la plus grande partie, une masse de tissu cellulaire très-dilatée & remplie de sucs. Si cela est, les vésicules paroissent bien sensiblement dans certains fruits, comme dans les oranges. Elles sont moins sensibles dans d’autres fruits. Si l’on convenoit que la chair des fruits est un tissu cellulaire très-dilaté & abreuvé de sucs, ce tissu seroit différemment organisé dans les arbres de différente espèce.

☞ Dans le tissu cellulaire des racines potagères, examiné au microscope par M. Duhamel, il n’a apperçu que de petits flocons semblables à de petits morceaux de moëlle d’arbres ou à la mousse de savon.

☞ Le même Physicien n’a pu parvenir à découvrir d’une façon bien distincte les bourses ou les utricules de Malpighi & de Grew. Il n’en nie cependant pas l’existence : mais il se contente d’avertir que ses observations au microscope lui présentent l’idée d’un tissu cellulaire, qu’il compare, ainsi que Grew l’a fait, à l’écume du vin qui fermente, ou à de la salive dans laquelle on découvre souvent des grains d’une substance plus compacte qui ne diffère peut-être pas essentiellement du reste du tissu cellulaire.

☞ Quoi qu’il en soit, cette substance vésiculaire ou cellulaire remplit les mailles du reseau ou les alvéoles qu’elles forment ; de sorte qu’elle traverse toutes les couches de l’écorce, & qu’elle s’étend depuis le corps ligneux jusqu’à l’épiderme. Elle paroît dans les alvéoles comme grenue ; & les flocons ou grains du tissu cellulaire sont plus gros & plus durs dans les couches corticales & extérieures que dans celles qui approchent du bois.

☞ La couleur de cette substance n’est pas absolument la même dans tous les arbres, & l’on observe bien plus aisément sa situation, respectivement aux fibres longitudinales, quand sa couleur est différente de celle de ces fibres.

☞ Pour se former une idée de la position du tissu cellulaire sur ces fibres, il faut se représenter un fétu de paille qui seroit enduit d’une matière visqueuse, & qu’on auroit trempé dans du gruau. Alors les flocons de gruau qui y resteroient attachés, représenteroient assez exactement la disposition du tissu cellulaire sur les fibres longitudinales.