Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CELLÉRIER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 350).
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CELLÉRIER, IÈRE. s. m. & f. On prononce célérié, & quelques-uns écrivent célérier avec une seule l. Œconome d’un Monastère : Office claustral chez les Moines, qu’exerce celui qui a soin des provisions de la nourriture du Couvent. Cellarius, cellario præfectus, Cellerarius, Cellararius.

On dit aussi cellerière dans les maisons des Religieuses. Cellaria, custos obsonio & penori præfecta. Dans la Règle de Sainte Césaire, écrite au VIe siècle par son frère l’Evêque S. Césaire, la cellériere est appelée Cavenaria, & Celleraria.

Ce mot est tiré du Droit Romain. Cellerarius dans le Digeste est celui qui étoit proposé à l’examen des comptes. Ulpien le définit, Cellerarius, id est, ideò præpositus ut rationes salvæ sint. Voyez sur l’office de Cellerier la règle de Saint Benoît, & les constitutions des différentes Congrégations qui suivent cette règle.

Les Anciens donnoient ce nom à ceux à qui ils commettoient le soin de leurs affaires domestiques. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui dans les grandes maisons. Intendant. Les Prélars & les Monastères l’affecterent pour le donner à leurs Procureurs & à leurs Agens. L’Auteur de la vie de Saint Césaire, dit que ce grand personnage fut Cellerier, c’est-à-dire, Procureur de Luxeul, Cellerarius, id est, Procuratur fuit Lexoviensis Monasterii. Philippe de Savoye, quoiqu’il fût d’une naissance si illustre, étoit Cellerier de l’Archevêque de Vienne l’an 1243. Chorier. Hist. du Dauph. Liv. IX, p. 264. Le Cellerier, Cellerarius, Cellarius, étoit proprement l’Officier qui a soin de la provision de bouche. Qui cellæ vinariæ & escariæ præest. Les anciennes fonctions du Cellerier ont rapport à cette origine. Il ne se méloit d’abord que de faire recueillir les grains du Seigneur, & de les serrer dans les greniers ; & ses droits constituoient en une certaine quantité de grains prise sur ceux qui se recueilloient pour le Seigneur ; de plus en un habit avec sa fourrure. Le soin de faire porter la récolte du Seigneur dans le grenier étoit commun à cet Officier, & à celui qu’on nommoit Baile. Aussi la part qu’il devoit prendre sur la recette étoit réglée sur le même pied. L’un & l’autre, suivant les titres qui nous restent, avoient un treizième du total. Ainsi les offices de Cellérier, de Mistral & de Baile, n’étoient distingués que par le nom, & nullement par les fonctions. On peut remarquer toutefois une différence considérable entre cet Office, & celui de Mistral, c’est que le Cellerier faisoit la recette des revenus du Seigneur dans route l’étendue de la terre par préférence même au Châtelain. Valbonnais. On peut voir dans cet Auteur plus de détail sur cet Office. Mém. pour l’Histoire de Dauphin. Disc. V, c. 5.

L’Office de Cellerier étoit plus ordinaire dans le Viennois, dans la Baronnie de la Tour, & dans les terres que les Dauphins avoient au-delà du Rhône, que dans les autres parties du Dauphiné. On n’en trouve presque point dans l’Ambrunois, ni dans le Briançonnois. Dans tout le Gapençois il n’en paroît qu’un à Ulpaix. Dans le Graisivaudan outre les Celleriers d’Avalon, de Cornillon, & de Moirans, il y en avoit un à Grenoble. Dans le Viennois, outre ceux de S. Donat, de Crémieu, de Bourgouin, de Quirieux, de la Tour du Pin, il s’en trouve un pour toute la Baronnie de la Tour, qui avoit sous sa charge les Châtelains & les autres Celleriers de la terre. Enfin, dans les terres situées en Bresse & en Bugey dépendantes des Dauphins, il y avoit presque en toutes des Celleriers. Valb.

On trouve fort peu d’inféodations de ces offices : il n’en paroît qu’à Avalon & à S. Donat. Id.

Le Cellerier, dit Pierre de S. Julien dans son origine des Bourguignons, a aussi est un office dans les chapitres. C’étoit celui qui avoit soin des affaires temporelles, & de faire distribuer aux Chanoines le pain, le vin & l’argent, à raison de leur assistance au cœur. On l’a nommé en différens lieux Cellerier, Boursier ou Courier, dit le même Auteur. Voyez Courier.

CELLERIÈRE. s. f. Nom de dignité dans les Communautés de filles. Celleraria. Dans l’Abbaye de Remiremont, après la secrete, qui est la seconde dignité, suit la Soutière ou Cellerière, qui jouiy de plusieurs droits & juridictions temporelles, qu’elle possede, aussi bien que de quelques Seigneuries par indivis avec l’Abbesse. Elle est pour cet effet tenue, par forme de reconnoissance au Chapitre, de distribuer à toutes les Dames Chanoinesses, à certains jours de l’année, de l’huile, du vin & autres choses semblables. P. Hélyot, T. VI, 6. 413. Elle nomme aussi les deux petits Ministreux. Id. p. 414.