Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAYSTRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 338).
◄  CAYRAC
CAYSTRIUS  ►

CAYSTRE. Petite rivière de l’Asie mineure, fameuse chez les Poëtes, parce qu’elle étoit autrefois pleine de cignes. Cayster, ou Caystrus. Elle a sa source dans la Phrygie, ou, selon d’autres, dans les montagnes de Lydie ; elle arrose cette Province & la plaine d’Ephèse, passant à un mille de cette ville du côté du couchant, & se jette dans la mer Ionienne. Cette rivière fait beaucoup de tours, & de détours, qui ont trompé quelques gens, qui l’ont prise pour le Méandre, & qui font que les Turcs l’appellent Coutchouk-Mindre, c’est-à-dire, petit Méandre ; & Minderscare, Méandre noir. Ils la nomment aussi Carafou, qui veut dire eau noire ; & d’autres Chiay. Mais dans notre Poësie, où l’on en parle encore souvent, elle retient toujours son ancien nom de Caystre.

Sur le Caystre autrefois
Faisoit admirer sa voix
Un Cygne, dont le plumage
Egaloit le doux ramage.

Nous descendîmes une montagne que les anciens appeloient Mimas ; son pied est arrosé du fleuve Caystre, où nous ne vîmes aucun cygne, & nous le passâmes aisément, parce que ses eaux sont basses. Du Loir, p. 23. De-là à Ephèse il n’y a qu’un marécage d’une demi-lieue. Idem.

Au reste, il faut écrire Caystre, car c’est un α en grec, ou pour le moins Caïstre, & non point Caïste, comme a fait M. de la Mothe dans son Iliade, L. II, p. 37.

Des Cygnes du Caïste on voit les bataillons,
A flots tumultueux inonder les vallons ;

Il y a dans Homère Καυστρίου ἀμφι ῥέεθρα. Et par tout Καιῠσρος, Cayster ou Caystrus.