Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAVALIER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 327-328).
◄  CAVALET

CAVALIER. s. m. Soldat qui sert & qui combat à cheval. Eques. Il est encore distingué du fantassin, en ce qu’on l’appelle maître. Une telle compagnie étoit de 40 Maîtres ou Cavaliers.

On trouve Caballarius & Cavallarius dans la basse latinité, & Καϐαλάριος en grec. Voyez Acta SS. Januar. T. II, p. 433. D. April. T. III, p. 160. B., &c. Ces mots viennent de Caballus, cheval. Le P. Poustine, Jésuite, dans son Gloss. sur Pachymère au mot Καϐαλλάριος, remarque que dès le temps de cet Historien, c’est-à-dire, au XIIIe siècle, ce mot signifioit dans l’Empire Grec non pas simplement un homme de cheval, mais un Gentilhomme qui a sous soi d’autres Cavaliers à sa solde & à ses ordres.

Cavalier se dit en général de tout homme qui est à cheval. Il avoit autour de son carrosse une demi-douzaine de Cavaliers.

Je vois d’illustres Cavaliers,
Avec Laquais, carosse & pages :
Mais ils doivent leurs équipages,
Et je ne dois pas mes souliers. De Lignieres.

Cavalier se dit d’un gentilhomme qui fait profession des armes. C’est un Cavalier accompli.

☞ On le dit aussi d’un jeune Gentilhomme destiné à porter les armes. Voilà un jeune Cavalier qui promet beaucoup.

Les Cavaliers sont communs en Italie, à cause qu’il y a plusieurs Ordres de Chevalerie. Il semble qu’en parlant des Chevaliers d’Italie, l’on ne devroit point leur donner la qualité de Cavalier, qui à la rigueur ne signifie en françois, qu’un homme d’épée, & ne suppose point un ordre de Chevalerie. Cependant l’usage est pour Cavalier, à l’égard même des Chevaliers Italiens. M. Taleman, qui a traduit l’Histoire de Venise de Nani, Chevalier & Procurateur de S. Marc, l’appelle le Cavalier Nani. On dit, le Cavalier Besain a été un grand Architecte & Sculpteur : le Cavalier Marin un grand Poëte.

Cavalier, en termes de manège, se dit ausi d’un homme qui est bien à cheval, qui manie bien un cheval. Equitandi peritus. C’est un fort bon Cavalier, il manie bien un cheval. En ce sens on le dit aussi au féminin. Cette Dame est une fort bonne Cavalière.

On dit qu’un homme est un beau Cavalier, pour dire qu’il a bonne grâce à cheval. Acad. Fr.

Cavalier se dit aussi de celui qui accompagne une Dame, qui lui donne la main à la promenade ; à ce bal, chaque Dame avoit son Cavalier.

Cavalier, iére s’emploie aussi adjectivement & adverbialement, & il signifie, libre, aisé, dégagé. Liberior, solutior. Cet homme a la mine cavalière. On dit aussi une éloquence cavalière, un style cavalier, pour dire libre, qui n’a rien de pédant, ni de trop assujetti aux règles. Il avoit pris à merveille les airs cavaliers, mais non pas les extravagans. Mlle l’Héritier.

Cavalier, iére, se dit aussi pour ce qui est trop libre, & qui approche de la mal-honnêteté. Illiberalis, inurbanus. Il l’a traité d’une manière cavalière, c’est-à-dire, peu civile. Les braves de votre voisinage m’ont offert de me venger ; mais j’ai pensé que ce procédé étoit un peu trop cavalier pour un homme de bréviaire. Cost. Cela est bien cavalier.

Cavalière. (À la) Façon de parler adverbiale, qui signifie en cavalier. Il est vêtu à la cavalière. Danser à la cavalière.

Cavalier. C’est ainsi qu’on appelle une pièce du jeu des échecs qui saute par-dessus les autres dans sa marche, & va toujours de blanc en noir ou de noir en blanc. L’échec du cavalier ne se peut couvrir. Si on ne peut le prendre, il faut que le roi remue. Le mot de chevalier, pour désigner cette pièce, ne se dit que dans quelques provinces. On trouve pourtant chevalier dans le Dict. de l’Acad. Fr.

Cavalier, Monnoie d’argent de Flandres, où il s’en fabrique quelques-uns, mais peu. ☞ Le cavalier vaut argent de France, une livre sept sols deux deniers.

Cavalier, en termes de fortification, est une terrasse ou plate forme qui commande autour d’elle, & qui est élevée de 18 ou 20 pieds sur le rempart pour y mettre du canon, & battre dans la campagne. Agger editior. On l’appelle ainsi, à cause qu’il est autant élevé sur les autres ouvrages, qu’un homme à cheval l’est sur un homme de pied. On en fait quelquefois dans la campagne pour battre dans la ville. Ils sont tantôt ronds, tantôt carrés ; & ils ont leur parapet pour couvrir le canon. Leur largeur dépend du nombre des pièces qu’on y veut loger. On observe pour cela de donner 10 ou 12 pieds de distance entre chaque, afin que ceux qui servent le canon aient plus de commodité à le charger & à le tirer.

Le cavalier chez les anciens, étoit une terrasse qu’on élevoit avec du bois & de la terre contre les murailles, pour lancer des traits dans la place.

Cavalier. Terme de Conchyliologie. Nom d’un coquillage de mer. Voyez Coquillage.